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Ne vous fiez pas à la bande annonce qui tente de faire passer le film pour une énième comédie française générique ! Effacer l'historique c'est un film de Kevern et Délépine ! Et quand les deux grolandais décident de nous montrer l'épopée tragi-comique de trois anciens gilets jaunes cinquantenaires tentant de s'attaquer aux GAFA, ça donne un film qui fait du bien !

Si vous ne connaissez pas le cinéma de ces deux réalisateurs je ne peux que vous conseiller de foncer. Ils ont un style vraiment singulier qui mêle assez subtilement humour et volonté de montrer une France oubliée, à la fois pathétique et attachante, avec un regard cru mais toujours très tendre. Dans une certaine mesure on pourrait le rapprocher du cinéma de Dumont (thématiquement, pas esthétiquement).

Ici on suit trois personnages (Blanche Gardin, Denis Podalydès et Corinne Masiero), voisins dans une résidence pavillonnaire comme il en existe des milliers en France, devenus amis après avoir occupé ensemble un rond point pendant la crise des gilets jaunes. Blanche Gardin joue une femme alcoolique sans emploi, obligée de vendre son mobilier sur LeBonCoin pour payer un maître-chanteur qui menace de diffuser sa sextape sur internet. Denis Podalydès interprète un veuf dépressif, amoureux d'une employée d'un centre d'appel qui lui téléphone tous les jours pour essayer de lui vendre une veranda. Corinne Masiero quant à elle est un chauffeur VTC qui angoisse de ne pas être suffisamment bien noté par ses clients.

Rien que cette présentation devrait vous faire comprendre l'engagement des deux réalisateurs qui montrent (assez subtilement, contrairement aux apparences) l'absurdité du combat perdu d'avance de ces (z)héros en décalage avec la technologie, qui pensent qu'envoyer un recommandé à Facebook suffit pour les forcer à supprimer une vidéo de leurs serveurs. La galerie de personnages secondaires hauts en couleurs (Poelvoorde en livreur Amazon trentenaire (!), Vincent Lacoste maître chanteur pour financer ses études de commerce, ou encore Bouli Lanners en "dieu", super hacker vivant dans une éolienne) donne lieu a des scènes hilarantes où se mêle à l'humour le malaise, car ces caricatures ne sont peut-être pas si éloignés de la réalité...