Fassbinder surprend tous le monde lorsqu'il annonce qu'il adaptera le roman de la littérature classique allemande "Effi Briest". Comment le réalisateur rebelle et anarchiste va-t-il mettre en scène cette oeuvre ?
Et ben, le plus classiquement possible ! Pour le coup, le metteur en scène allemand est peut-être même aller trop loin dans sa rigueur à la fidélité au livre. D'un point de vue artistique, ce film marque un tournant dans la filmographie du cinéaste, il se soucie enfin de ses décors et de sa photographie qui sont particulièrement travaillés dans ce film. Encore une fois il perfectionne son affection à filmer à travers les miroirs et les fenêtres, avec la mise en abîme de ses acteurs à travers ceux-ci. L'ennui est, qu'à trop vouloir bien cadrer les comédiens dans ces décors, sa mise en scène devient statique, les acteurs n'osent plus bouger de peur de perdre leurs repères. Souvent même se parlent-ils sans se regarder; le regard dans le vide... On est à la limite du photo montage parfois. Même sa caméra qui bougeait avec de long travellings dans ses films précédent semble clouée au sol, osant à peine faire quelques panoramiques.
L'autre problème de ce film est son absence totale de contextualisation historique. Le roman se passe à la fin du 19ème siècle, mais aucune interaction ne vient placer le film dans son époque. Il n'y a qu'à travers le texte, lu d'une voix monotone en voix-off par Fassbinder lui-même, que quelques mots peuvent situer le film. Effi vit dans un vase clos, certes, mais quelques accessoires d'époques aurait un peu déplombés ce film beaucoup trop long.
Part ailleurs, Hanna Schygulla, 31 ans lors du tournage, malgré sa belle interprétation, n'a d'évidence plus l'age, ni le physique, de jouer le rôle d'une jeune adolescente de 17 ans...
Il faudra encore attendre quelques films pour que Fassbinder atteigne enfin la plénitude de son art...
Pour le fun, il est a noter que ce film figure au Guiness Book comme celui ayant le plus long titre de l'histoire du cinéma soit : "Fontane Effi Briest oder viele, die eine Ahnung haben von ihren Möglichkeiten und ihren Bedürfnissen und trotzdem das herrschende System in ihrem Kopf akzeptieren durch ihre Taten und es somit festigen und durchaus bestätigen"... en allemand...

Jean-FrancoisS
5
Écrit par

Créée

le 9 janv. 2020

Critique lue 171 fois

Jean-FrancoisS

Écrit par

Critique lue 171 fois

D'autres avis sur Effi Briest

Effi Briest
gnap
6

Critique de Effi Briest par gnap

Visuellement, c'est remarquable : noir et blanc lumineux, mouvements de caméra élégants et acérés, cadrages inventifs, repoussant l'académisme qui plombe généralement ce genre de film...

Par

le 6 juil. 2012

6 j'aime

10

Effi Briest
Flip_per
7

Le changement est sel de la vie

Mise en scène classique, plutôt statique, mais inventive avec travail dans la profondeur de champ, sur-cadrage, usage multiple du miroir, effet de voilage, quelques travellings, vue subjective...

le 24 août 2023

Effi Briest
Emmanuel_Dieu
8

Schein und Sein

Adapté d'un roman de Fontane, équivalent du Madame Bovary de Flaubert ou d'Anna Karénine de Tolstoï, ce film de Fassbinder propose une lecture resserrée du texte, dans la mesure où aucun mot n'en est...

le 20 déc. 2022

Du même critique

Le Squelette de Madame Morales
Jean-FrancoisS
8

Sorti de nul part.

Qui est Rogelio Gonzalez ? Sur le web quasiment aucune information* sur la carrière de ce réalisateur mexicain : Date de naissance, date de mort, une longue filmographie de plus de 70 films !... et...

le 17 août 2022

9 j'aime

Tarzan et les Amazones
Jean-FrancoisS
6

Le retour de Jane.

Neuvième film de Tarzan avec Johnny Weissmuller. Après deux épisodes propagandistes durant la guerre, de piètre qualité et aux scénarios approximatifs, les aventures de Tarzan reprennent la direction...

le 28 août 2018

6 j'aime

Tarzan trouve un fils
Jean-FrancoisS
6

Dans la jungle, point enfant tu ne concevras.

Quatrième film de Tarzan avec Johnny Weissmuller. Après s'être répété 3 fois sur les épisodes précédent avec des expéditions quasi similaires, il était temps que les scénaristes se renouvellent...

le 28 août 2018

6 j'aime