L’adolescent est un passage forcé et d’une banalité qui réduit l’état de conscience à son plus haut degré d’immaturité, telle est la définition d’un abruti, vu par l’Américain moyen. Danny Leiner s’est ainsi familiarisé avec la bête et en fait son show-business à travers une quête qui enchaîne absurdité sur absurdité. Mais existe-t-il réellement un dessein derrière la bouffonnerie qui saura faire glousser le premier ado qui passera par-là ? Oui et non. Le problème reste constamment déplacer, alors que le fond cherche désespérément une place. Les moindres enjeux surréalistes ne constituent alors rien de très intéressant, si ce n’est un forcing scénaristique maladroit.


Il fallait un duo pour représenter en quoi deux frères d’âmes peuvent se comprendre, même dans le plus profond sommeil de l’adolescence. Jesse Montgomery (Ashton Kutcher) et Chester Greenburg (Seann William Scott) sont ces deux crétins, sans motivation, ni conviction. Ils sont un modèle d’étude pour le lycéen qui sombre dans la monotonie et les addictions de notre temps. Suite à une bonne bringue, c’est à la recherche de leur voiture qu’ils vont se lancer à corps perdu. Au passage, les relations avec leur petite amie respective ne sont pas des plus touchantes, ni des plus alléchantes. C’est dans un univers de débauche et d’inconscience que l’on nous promet l’aventure loufoque que nous n’attendions pas. Et c’est par le biais d’un McGuffin qui ferait fuir Hitchcock lui-même pour l’audace et le caractère inutile de cette dernière dans l’intrigue. Il apparaît davantage comme un deux ex machina qui n’aura pas plus d’importance qu’une soudaine prise de conscience chez les deux héros qui cherchent avant tout à reconstituer leur soirée oubliée, à l’image du temps qu’ils ont perdu avant de penser à mûrir.


Puis, c’est la folie, on rencontre des extraterrestres scandinaves jusqu’à une secte qui voue leur foi, dans un ensemble trop transparent. L’emballage demeure vide, vide comme cette mentalité qui s’égare souvent sur le premier trottoir croisé. Ce sont les bimbos qui rythment les intérêts esthétiques chez les personnages secondaires qui saisissent l’humour, autant par le comique de situation que de répétition. Les blagues à gogo ne nous sont pas épargnées non plus, mais le film assume pleinement cette sensibilité qui ne vole pas haut et qui saura trouver un public adapté à son visionnage, de la même manière que les personnages vivent encore et toujours dans une jeunesse perdue. Isolés dans leurs désirs et dans les vices de la liberté, la science-fiction fait irruption dans cette réalité qui est constamment remise en question. L’éveil des personnages est tardif, mais l’on ne développera jamais assez les bonnes intentions et on préférera se pencher sur le premier décolleté accessible.


Finalement, « Eh mec, elle est où ma caisse ? » est un buddy-teenage-movie très déjanté, peut-être trop. Il s’avère ridicule, ce qui lui donne un certain charme, mais sombre aisément dans le vulgaire sans justification. Ce ne sont que des sketches qui se succèdent et qui reviennent se mordre la queue, jusqu’à ce que le dénouement nous renvoie vers notre canapé que l’on a sciemment laissé derrière nous, si on voulait prétendre au divertissement proposé. Malheureusement, ce n’est pas le cas de tout le monde et l’arrière-goût peut nous rester en travers de la mémoire, faute de justesse dans l’invention des gags.

Cinememories
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le 26 juil. 2022

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