Reprise de Rio bravo, El dorado n'en demeure pas moins un excellent western qui se distingue de son illustre prédécesseur sur de nombreux points.
Tout d'abord au niveau des personnages, si dans Rio bravo on avait un John Wayne imposant, toujours maître de la situation et épaulé par Ward Bond et Walter Brennan, le film était néanmoins desservi par Ricky Nelson à la prestation passable. Dans El dorado, on a droit à un solide trio d'acteurs, John bien sûr, Robert Mitchum qui tient un rôle similaire à celui de Dean Martin mais y apporte son charisme et James Caan, certes encore un peu tendre, il n'a pas encore l'épaisseur de Santino Corleone mais il s'en sort correctement.
Autre différence, encore plus importante, l'intrigue de Rio bravo est ramassée dans le temps, s'étale sur quelques jours à peine, et le film tient du huis-clos, ce qui lui donne un côté étouffant, autant que peut l'être une journée précédant un orage.
Au contraire, celle de El dorado s'étale sur plusieurs mois avec un passage qu'on pourrait qualifier de prologue réussi d'une main de maître par Hawks. On y voit en effet une nature magnifique, resplendissante comme ce troupeau de chevaux, John Wayne chevauche un superbe appaloosa, est mis en difficulté. Car son personnage n'a rien à voir avec celui de John T. Chance de Rio bravo. Moins solide, parfois plus démuni, un registre dans lequel je préfère "Big Shoulders". Par contre la collection de chemises est au rendez-vous.
La suite du film reprend de manière éhontée des passages entiers de Rio bravo, en moins bien, mais reste d'un niveau très convenable. D'abord, il y a un méchant correct, redoutable, ensuite il y a une touche d'humour dans les situations qui peut très bien rebuter mais qui au final apporte au film un ton plus léger que j'ai beaucoup apprécié.
A noter la très belle et sauvage Michele Carey qui donne un superbe charme au film.