Electric Dreams représente l’irruption de la modernité technologique dans le quotidien de personnages de prime abord réticents à l’idée de vivre avec elle comme s’il s’agissait d’une histoire d’amour. Un tel postulat surprend mais conjure la dichotomie qui aurait consister à les traiter séparément ou à supporter l’un des deux camps (tradition versus nouveauté) pour mieux fustiger l’autre. Rien de tout cela ici, et la romance « à trois » révèle la capacité de l’ordinateur à rassembler les êtres, à connecter deux voisins d’un même immeuble qui demeuraient pourtant étrangers, incapables de trouver le temps et les moyens de communiquer. Aussi les difficultés que rencontre Miles Harding avec sa nouvelle machine traduisent-elles les dérèglements que produit nécessairement l’irruption de l’amour dans la routine de chacun : la perturbation du concert durant lequel les sentiments naissants du personnage jaillissent publiquement par sons numériques interposés, la reprise électronique du morceau que Madeline interprète au violoncelle ouvre sur un quiproquo relatif au métier exercé, etc.
Steve Barron pense d’ailleurs cette rencontre entre humains et intelligence artificielle par le prisme d’un dialogue des arts : les protagonistes sont plusieurs fois spectateurs de cinéma, la musique de Giorgio Moroder confond habilement musiques classique (on pense à la Valse des fleurs de Tchaïkovski) et électronique ; de plus, sa formation de réalisateur de clips vidéo transparaît lors de séquences rythmées par un montage mimétique de la chanson choisie. Cet attachement au clip constitue cependant la principale limite d’un long métrage quelque peu brouillon et désorganisé, aux transitions peu élégantes et à la direction d’acteurs parfois approximative. Reste un divertissement intelligent qui anticipe remarquablement bien les innovations technologiques du XXIe siècle, notamment la maison connectée.