Le grand drame de Elle l’Adore n’est pas le chassé-croisé criminel qu’il tente de mettre en place que son écriture qui échoue à le rendre crédible à l’écran, pire à le donner à voir et à vivre à un spectateur constamment surpris par ce qu’il n’a pas sous les yeux. C’est un film troué, un film fait de manques grossiers et qu’un rééquilibrage doublé d’un recentrement sur l’essentiel aurait pu amender : à quoi bon développer des personnages dépourvus de la moindre profondeur, comme ce couple de policiers jamais crédible et traité avec une grande vulgarité ? à quoi bon cultiver les retournements scénaristiques et autres coups de théâtre sans être capable de s’en rendre maître ? Ou comment jouer au petit malin sans malignité et sans audace.
Les situations se suivent selon une dynamique industrielle, et les quelques fulgurances – une scène d’interrogatoire où Sandrine Kiberlain joue brillamment à l’innocente ingénue – se voient absorbées dans un récit bancal. On s’accroche désespérément aux personnages que campent de bons acteurs, à commencer par le duo de tête, fort convaincant. Mais la sauce ne prend pas, et ce n’est pas le rythme en dents de scie qui va arranger les choses. Quid du frère qui disparaît du récit aussi brutalement qu’il y est apparu ? Quid des beaux-parents endeuillés, jamais interrogés ? Elle l’Adore se base sur l’humain mais s’avère incapable d’écrire de l’humain ; en résulte une production machinale dont certains moments divertissent, qui demeure toutefois bien en deçà des promesses de son intrigue.