Quand on prévoit de regarder un film de Baz Luhrmann, on sait à quoi s'attendre, tout du moins visuellement. Et ça n'a pas loupé. C'est bariolé, ça part dans tous les (mauvais) sens et tout laisse place à l'hystérie.
La question que je me pose est la suivante : pourquoi faire un biopic sans chercher à faire connaître le principal intéressé ? Ce film ne nous dit pas grand chose sur Elvis, à part qu'il aimait les femmes, les costumes tape à l’œil et le succès. Ouah. Sans déconner ?
Tout ce qui pourrait être intéressant est à peine abordé, comme sa relation fusionnelle avec sa mère, sa relation un chouïa zarbi avec Priscilla, sa soudaine soif de liberté tuée dans l'oeuf par son manager, le fardeau que représentaient pour lui tous ces films à l'eau de rose dans lesquels il tenait le premier rôle, sa relation extra-conjugale avec une starlette, etc.
Pour masquer ce néant, le réalisateur mise sur autre chose. À grands renforts de couleur et de néons, le tout rythmé par un montage frénétique et agrémenté d'un volume abyssal d'images incrustées, Baz Luhrmann nous présente une enfilade de scènes qui nous laissent à peine entrevoir ce qu'a dû être la vie du King.
Alors oui, c'est joli, même si les couleurs sont trop criardes à mon goût, mais ce film est un portrait à peine effleuré, avec un Elvis en retrait, des rôles secondaires anecdotiques et un fil conducteur (?) dénué de profondeur. D'ailleurs, c'est à se demander si le réalisateur aime l'objet de son film tant il se refuse à creuser un quelconque aspect qui aurait pu être intéressant. Il survole tout, il va bien trop vite pour ne rien dire, et surtout sans aucune inspiration, hormis esthétique.
Même le téléfilm sur Elvis, avec Jonathan Rhys-Meyers, est beaucoup plus appronfi. Très académique, certes, sans surprises non plus, mais il a un minimum de consistance.
Je m'y attendais, mais ça reste une déception. En réalité, j'ai eu l'impression de regarder une bande-annonce bruyante et vantarde pendant plus de deux heures.