Je dois bien avouer que j'ai un peu de mal avec le style de Baz Luhrmann. Autant il choisit bien ses films pour laisser s'exprimer son goût pour le rococo clinquant, autant je n'ai jamais trouvé qu'il réussissait, pour autant, à mettre celui-ci au diapason de ce qu'il racontait aussi bien que dans son Romeo+Juliet (où cette emphase un peu creuse se retrouvait aussi dans le texte). Aussi, après un Gatsby Le Magnifique où il exprimait la vacuité des apparences devant le drame romantique (ce qui est le propos du film, mais désolé, j'y préfèrerai toujours le l'ambiance spleenesque maladif de la version de Jack Clayton avec Redford en Gatsby), il est donc ici le fameux miroir aux alouettes du showbiz cachant un destin brisé.
Rien de neuf, donc, et en plus, les grandes étapes de la vie du King sont bien connues de tous. Heureusement, l'approche de Luhrmann est intéressante (au travers du personnage trouble du colonel Parker, auquel la prestation de Tom Hanks offre un bien beau relief : C'est une ordure manipulatrice, et il ne cesse encore de mentir et de nous manipuler dans la narration qu'il donne, mais il y a en lui une dimension tragique qui fonctionne à fond), et il ne se contente pas de simplement aligner les épisodes de vie. Malheureusement, il en fait parfois un peu trop, ne laissant pas s'exprimer le luxe de sa reconstitution à coup de montage ultra cut (ça manque de respiration), et forçant par moment un peu trop sur les plans en full CGI. Mais c'est plutôt réussi, et si on échappe pas à la caricature dans le Elvis qu'il dépeint, le film a au moins le mérite de rappeler que le bonhomme était en tout objectivité une authentique bête de scène, ce qu' Austin Butler rend bien, il est vraiment bon (Et c'était pas gagné, parce que niveau tronche, on a du mal à y croire dans les premières minutes)
Bref, un biopic qui change un petit peu de la routine du genre, sans pour autant la révolutionner. (Et il faudrait que je vois Le Roman d'Elvis de Carpenter, tiens...)