DES CRÉATIONS MUSICALES COMME ÇA SINON RIEN

Oui, j’ai attendu 5 mois avant d’aller voir Emilia Perez au cinéma… L’erreur est humaine que Dieu me pardonne !

Après tout le bien que j’ai pu entendre du cinéma de Jacques Audiard et des retours sur Emilia Perez, je ne pouvais pas ne pas finir par aller voir le film. Certainement une des meilleures décision de ma vie…

D’un scénario complètement casse gueule, dont il faut avoir de sacrés ** pour oser monter une histoire dessus, Jacques Audiard pose une masterclass. Ni plus ni moins.

L’exercice de la « tragédie musicale » est maîtrisé mais à la PERFECTION. Les créations musicales sont travaillées, la mise en scène des chorégraphies s’insèrent naturellement dans l’histoire sans avoir à se demander pourquoi ça pousse la chansonnette encore (je n’ai toujours pas digéré Wonka). De ma jeune mémoire de cinéphile, seul La La Land m’avait procuré une telle admiration, à commencer par ce plan séquence musical qui frôle la perfection. Il y a, à l’instar de chez Damien Chazelle cette manière de filmer au plus près des acteurs, de placer son spectateur en plein milieu de l’action.
Sérieusement, on est sur des purs moments de cinéma, des claques visuelles et sonores que l’on a envie de revoir encore et encore.

Emilia Perez est une oeuvre intelligente et profondément humaine. Je n’ai pas beaucoup de références où les quêtes intérieures des personnages sont aussi remarquables et intéressantes sans être pour autant too much. C’est ce frappe en sortant de la séance, je n’arrivais qu’à parler des thématiques abordées et non pas de l’histoire en elle-même. L’écriture parfaite des personnages mêlée aux prestations que livrent tout le casting aide grandement…

Zoé Saldana est immense dans son rôle. Avocate / combattante enragée de l’injustice qui sévit dans un Mexique corrompu profitant au puissant, elle est elle-même au centre d’un dilemme d’éthique quand le mal tape à sa porte lui promettant la richesse et de pouvoir et un changement de vie certain. Fait-on toujours le bien quand on sait que l’on essui juste les fautes du passé ?

Selena Gomez est bluffante. Véritable objet du désir masculin dans un premier temps, son émancipation progressive et son envie de vivre crève l’écran.

Karla Sofia Gascon, c’est tout un cheminement vers la quête du vrai soi, d’accepter qui l’on est vraiment au fond de nous, qu’on a beau changer d’apparence mais les fantômes de notre vie finisse toujours par prendre le dessus.

Merci à l’oeuvre d’aborder ces quelques problématiques de notre temps, qui parleront à beaucoup de personnes sans pour autant produire une oeuvre où le spectre du wokisme malsain plane. Un film qui ne se veut pas moralisateur mais qui en dit beaucoup…

Enfin bref, Emilia Perez pourrait faire l’object de semestres entiers en école de cinéma que ça ne m’étonnerait pas. D’une maîtrise technique parfaite de la « comédie musicale », aux personnages principaux complexes mais passionnant en passant par un rythme d’une fluidité limpide, Jacques Audiard nous pond une tragédie grecque mexicano-contemporaine des plus osées mais dont la réussite n’est pas à contestée.

PS : 4/5 Oscars, pas moins !