Comment ne pas ressentir de la déception en regardant ce film. Comme un tableau inachevé, le réalisateur nous agace par quelques traits de fulgurance rapidement détruits par une machine idéologique, un scénario peu travaillé et surtout une caméra apathique.
Je m'explique et commence par le scenario. Le sujet du film qui porte sur la renaissance et la prise de conscience d'une danseuse classsique suite à une mauvaise chute aurait pu nous porter vers des sommets. Après tout, Bob Fosse a souvent eu des idées moins ambitieuses pour faire un film. Mais quel deception dans le travail de l'histoire ! Certains personnages sont parfois totalement transparents comme Mehdi qui devient le nouveau compagnon de l'héroine mais qui est traité comme un chaise au bord de la route, sans dialogue ou presque et sans présence sinon un sourire béat pour montrer son amour. D'autres sont grostesques et ridicules comme le kinésithépeute. Certains s'en sortent mieux et présentent un peu plus de fond dans les dialogues comme l'amie retrouvée, Sabrina, jouée par Souheila Yacoub.
Reste les ressorts du scénario qui manque de profondeur. Le ridicule de la chute (et la raison), l'absence quasi charnelle de souffrance et de questionnement du personnage principal (Elise) face à la fatalité ; on a l'impression qu'elle vit ce qui lui arrive comme si elle avait eu une gastro et que cela passe (je parle toujours de l'écriture du scénario et non du jeu de l'actrice). Et le final sous forme d'un spectacle qui semble très charnel mais qui ne dit rien sinon que voilà c'est bien, elle danse encore.
Côté idéologie, on sent bien que les subventions et l'esprit de gôôôôôche est présent. Qu'on soit pour ou contre, qu'importe mais pour un film de cette ambition, les clichés sont trop forts et pas subtil, ce qui détruit tout effet dramatique. La danse classique y est vue comme la légèreté artistocratique d'un autre temps avec des méchants cyniques et la danse contemporaine, le repaire des danseurs de raps emmigrés mais gentils comme tout. Une des phrase de murielle robin résume tout : "Tu as eu trop de chance dans la vie, c'est bien que tu en baves un peu". Le trait est lourd.
Enfin, la caméra est vraiment bof bof. Cela fonctionne sur les échanges et les dialogues. Rien à dire, on est dans le conventionnel et vu le sujet du film, la sobriété est de mise. Mais dès qu'un spectacle se présente, mon dieu, on a l'impression que le réalisateur est en panique ! Il filme en plan large fixe puis se rabat sur l'héroine, un geste ou un mouvement, et hop repart au large presque géné de filmer des corps.
C'est là qu'on se demande si le sujet l'intéresse. Il s'agit d'un film sur une danseuse ! Et une vraie de surcroît ! Elle ne fait pas semblant. Il y avait matière à montrer les muscles, la douleur, la joie, la grâce et plus encore à montrer le mouvement du ballet, des échanges !
Mais là, il filme un match de basket amateur. Horrible. Les deux spectacles (celui du début et celui de la fin) ne sont pas du cinéma.
On est très loin d'un chazelle qui avait pris parti de nous montrer le détail d'un corps d'un artiste qui travaille son instrument ou d'un bob Fosse qui transcende son propre art en le filmant avec une telle intelligence qu'on se prend une claque dès la première seconde.
Pour conclure, on retrouve les mêmes défauts habituels de ce cinéma français qui cherche à avoir du souffle via une belle idée mais qui l'abandonne sans vie et sans art avec les 3 problèmes récurrents : scénario mal approfondi, caméra et montage perfectible et une sociologie idéologique qui use la trame dramatique.