Brizé et Lindon rempilent pour un nouveau film. Film dont le sujet est assez similaire au précédent : les excès et dérives d'un capitalisme débridé prêt à tout pour gagner. Ici, les syndicats d'un sous-traitant automobile se mobilisent contre la fermeture de leur usine au mépris d'un accord passé deux ans auparavant demandant des sacrifices financiers aux salariés. Et le coup de poignard de la direction uni les salariés dans la défense de leur emploi.


Premier point : les acteurs et actrices non-professionnels qui jouent sont bluffants de réalité. Directement lié au fait qu'ils s'agissent de salariés ou de patrons, en effet, mais la façon dont ils simulent leurs réactions, rejouent leur réalité est tout à fait appréciable. Ajoutons à ça, les reportages BFM tout le long du temps et on a l'impression de regarder les actualités dans notre canapé. Parce que, oui, le sujet du film n'est pas anodin. Je ne vais pas vous faire l'analyse économique du secteur de l'industrie mais même, en étant pas expert, on peut le savoir : c'est la merde.


Donc on observe les négociations, les coups d'éclats, les volontés d'apaisement, de dialogues ou l’intransigeance de certains. Le conflit qui perdure voit arriver les défections, les compromis, la division syndicale. Le personnage de Lindon est bien entendu au cœur du film : motivé à défendre les salariés, sa résignation à gagner le rapport de force et à aller jusqu'au bout. Comme d'habitude, il est assez magistral dans sa performance : absolument dans son personnage, usé , à cran mais motivé par dessus tout, au-delà même du raisonnable. Car, à motivation extrême, réactions extrêmes. Jusqu'à l'avant-dernière scène du film qui rappelle bien évidemment un fait divers de 2013. Acte absolu s'il en est. Et même, dans le tragique, les conséquences sont peut-être salutaires.


Le film se concentre sur le regard qu'on porte sur notre société et les difficiles rapports entre la liberté d'entrepreneuriat et la protection des emplois. Je n'irai pas jusqu'à dire que ce film ouvre une réflexion parce que le point de vue est clairement orienté. Pas une mauvaise chose en soi mais c'est certainement du côté des salariés que l'on se range à la fin du film. De ce côté, l'objectif est réussi.


Les 1h50 du film se déroule sans aucun accro et on passe clairement un bon moment !

BlackHornet
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le 3 juin 2018

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