Mes 4 points sont accordés ici pour la beauté formelle du documentaire, qui compile de nombreuses images magnifiques de requins un peu partout dans le monde. Pour le reste, on peut le résumer à une chose : Ocean Ramsey. Le fait que tout un passage de ce documentaire aborde le "harcèlement numérique" dont elle fait l'objet et qu'elle résume à une bande de rageux (un poil misogynes) m'a immédiatement rendu curieux à son sujet. Car dans les rageux, on découvre qu'il y a non seulement des biologistes, mais aussi une bonne partie des organisateurs de tourisme pour les requins, les autorités de Hawaii, en bref les 3/4 de la profession autour des requins, réunis dans la haine et le masculinisme. La raison de ce déchaînement ? On s'en rend compte immédiatement dans ce documentaire et sur son affiche.
Très simple, par pure idéologie (prouver au monde que les requins ils sont pas méchants), Ocean Ramsey fait preuve d'un manque total de prudence et de recul en plongeant régulièrement avec eux. Elle pense ainsi prouver qu'ils ne sont pas aussi dangereux que leur réputation le laisse penser. Voyez vous alors où se situe le problème ? Les requins sont des animaux sauvages et des prédateurs naturels. Ils sont par essence potentiellement dangereux car d'humeur variable. En cela, le postulat de Ramsey semble surtout basé sur une stratégie de communication plutôt que des faits scientifiques. Avoir une belle combinaison customisée avec des rayures, c'est sûr que ça fait des belles images. Mais à chaque fois qu'elle l'enfile, elle semble ignorer le risque encouru, et surtout l'impact désastreux de faire croire aux gens qu'un animal sauvage est un truc placide qu'on peut approcher sans risque. La plupart des professionnels qui la connaissent refusent aujourd'hui d'interagir avec elle et dissuadent les gens de rester dans ses zones de plongée pour éviter les accidents. Elle n'est d'ailleurs plus autorisée à plonger dans la zone de l'île Guadalupe à cause de ses manquements répétés aux protocoles de sécurité. Mais bon, elle a un fil Instagram bien fourni avec sa combi trop hype.
Le pire, c'est qu'on a déjà eu un précédent. Timothy Treadwell, qu'on a aperçu dans Grizzly man (un film particulièrement bizarre en passant, à mi chemin entre le contemplatif et le nanar). Et tout le monde connaît la fin de Grizzly Man. Sans épiloguer sur l'ironie du drame en question, les animaux sauvages prédateurs présenteront toujours un risque. Il faut juste éviter d'interagir avec eux et apprendre ce qu'il faut faire en cas de rencontre imprévue. Il faut respecter ces animaux en se mettant en retrait et en reconnaissant leur force (c'est d'ailleurs pourquoi on les aime, il me semble, ce mélange de beauté et de puissance qui impose un respect immédiat). C'est la leçon qu'Ocean Ramsey doit nous apprendre, en espérant qu'elle finisse elle aussi par en tenir compte avant l'inévitable accident. Mais bon, quand ton business plan passe par les réseaux sociaux et les ventes d'image, le tout enrobé d'écologisme bonne-conscience pour attirer les dons... Comme quoi, l'enfer est pavé de bonnes intentions. Difficile donc de mettre la moyenne à un documentaire très beau dans la forme, mais faisant la promotion d'Ocean Ramsey sans aucune nuance ni mesure.