Disney vit actuellement une phase assez compliqué. Avec Disney+ qui n'a pas eut le succès voulu en terme de production de films d'animation directement sur sa plateforme de streaming, et n'ayant pas nécessairement brillé depuis un bon moment maintenant, on est en droit de se demander si Disney peut encore nous faire rêver au temps de son âge d'or qui s'éloigne de plus en plus, et un renouveau qui fût de trop courte durée. Après un très bon Zootopie, la firme aux grandes oreilles a quand même enchainé sur une Vaïana qui divise, un Ralph 2.0 fade, une Reine des Neiges 2 décevante, et un plantage avec Raya and the last dragon. Encanto vient alors comme un espoir, une dernière chance afin de nous convaincre que non, la magie de Disney n'est pas morte, et Disney peut encore se reposer sur ses acquis pour nous produire des films de qualité. Mais malheureusement, ce n'est plus vraiment le cas.

Il est indéniable que le studio a des moyens techniques démesurés et inégalable en terme technique qui permet d'offrir des films vraiment beau et créatifs visuellement. N'étant pas limité dans sa technique, le studio a la capacité de réfléchir ses cadres, chercher à approcher le mouvement des caméras en prise de vue réelle, chercher à créer des séquences et des cadres qui, cinématographiquement parlant, laissent rêveur et envoutent. On le voit, notamment dans une séquence sous la pluie, que le film prend des risques avec des plans très rapprochés sur les personnages ainsi que des effets visuelles et de transitions lors des phases musicales qui sont grandioses. On sent aussi une continuité dans le travail artistique du personnage en mouvement, qu'on avait déjà entrevu dans Luca qui est une co-production Disney Pixar, qui tend à s'éloigner de la représentation quasi photo-réaliste qu'a pu avoir Disney et Pixar dans leurs créations dans les années 2010. La caméra et le mouvement même des personnages va défigurer les personnages, va accentuer les traits du corps et du visage afin de renforcer la bizarrerie d'une scène, le côté loufoque/cartoon d'un personnage, ou encore accentuer le mouvement pour que celui-ci donne une autre dynamique que dans les phases plus réelles et moins "on chante on court dans tous les sens on danse". Les doublages sont irréprochables et il y a rien à dire de ce niveau là, et les musiques sont vraiment très bonnes. Maintenant le film est pas bon. Si j'ai pu être élogieux sur la capacité qu'a Disney de divertir et offrir un spectacle réjouissant graphiquement et techniquement, malheureusement un film d'animation ne se repose pas entièrement que sur sa réalisation mais aussi sur son écriture, et l'écriture d'Encanto est raté.

On retrouve tous les codes propres à Disney. Ce n'est pas un défaut ni même une critique, c'est un constat. C'est un film qui met une figure féminine en avant, c'est un film qui va utiliser de nombreuses phases musicales pour extérioriser des moments de pic émotionnelles ou même des enjeux entre personnages à travers de grandes envolées lyriques, c'est un film qui traite de la famille (de sang ou même du cœur) et qui va pousser son personnage principale dans un périple qui va le faire grandir et/ou remettre en question sa situation pour en sortir meilleur... on ne peut pas faire plus Disney que Encanto. Le film accentue tellement les traits Disney que cela en devient louche dès ses 10 premières minutes. On sent que le film essaye tant bien que mal d'offrir tout ce qui fait le succès du studio peu importe le contexte. Cela se ressent avec l'utilisation des musiques, écrites par Lin Manuel Miranda, qui prennent soit beaucoup de temps comme la chanson d'introduction de la famille (présente dans tous les trailers) qui dure 5 minutes chrono (avec des variations et des jeux dans le rythme presque opératique afin d'accentuer des changements de sentiments et accentuer des informations contenues dans la chansons, mais bon, cela reste quand même 5 minutes ininterrompu de la même chanson) ou encore la chanson "ne parlons pas de Bruno" qui est très intéressante sur son début mais arrive à lasser quand le film ressent le besoin de faire chanter tout le village les uns après les autres. Mais aussi, certaines chansons sortent de nulle part, parfois mal introduites, pour la simple raison que l'on veut faire chanter un personnage ou pour avoir une phase musical qui n'apporte pas grand chose. On a quand même une chanson sur quelqu'un qui porte des trucs lourds. Cela pourrait raconter des choses intéressantes en sous texte et évoquer des choses qui risquent d'arriver dans la suite, mais le tout est expédié de tel manière de ne pas pouvoir voir l'intérêt. Les chansons sont le cœur du film, et si j'ai fait l'éloge des graphismes, les chansons sont l'un des plus gros points forts du film (voire le plus gros point fort) car le principale problème du film est qu'il n'y a que ça d'intéressant. le film n'a pas de scénario et laisse airer son personnage principale dans une famille dont on essaye de trouver des imperfections pour potentiellement créer un enjeux, on essaye de créer une figure inquiétante dans l'ombre qui pourrait faire office d'antagoniste mal écrit, mais le tout reste assez vain tant le film n'a rien à raconter. Le tout se retranscrit dans la photographie et la mise en scène qui, malgré qu'elle soit irréprochable, n'arrive jamais à être marquante. On a bien le jeu Mirabel qui arrive à détoner dans ses scènes où elle est intimidée et/ou expressif avec un regard intérieur qui est vraiment intéressant, ou encore des idées par-ci par-là (la scène de la photo qui est plus sobre et classieuse, la scène du mariage sous la pluie) mais on a jamais de moments forts qui marquent et te font intéresser au film. Même la scène dramatique et mature de fin de film ne marche pas. Déjà parce que les enjeux n'existent pas et qu'on passe la moitié du film à chercher une raison d'exister, mais aussi parce que tout le nœud du film se joue lors des 20 dernières minutes. Enfin, malgré que le film arrive à avoir une intrigue et un enjeux, celui-ci est désamorcé à cause d'un personnage qui entend littéralement tout. La fin du film en joue et plaisante quasiment en faisant dire "oh mais je savais tout depuis le début", mais cela confirme qu'il y a bien un soucis d'écriture qui est assumé et dont les réalisateurs en ont strictement rien à foutre, et comme les réalisateur, on en a rien à foutre. Ils voulaient faire un film 1h20 reposant essentiellement sur de bonnes chansons, bravo, c'est chose faites, mais ce n'est pas intéressant. Là où La reine des neiges 2 avait un scénario et une écriture catastrophique mais arrivait à avoir des chansons et des scènes vraiment marquantes qui avaient le mérite de mettre en avant les chansons, ici on a la même chose, la maestria en moins, et c'est fort dommage. On voit presque à travers Encanto la volonté de parler d'une magie qui s’essouffle et de la galère de camoufler le tout afin de faire rêver, et on est presque tenté de faire des parallèles avec la situation que vit le studio actuellement. La magie Disney s'épuise, et si Encanto essaye tant bien que mal de cacher la chose et de relativiser, les faits ne donnent pas de bons signes.


9/20


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Youdidi
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le 15 déc. 2021

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