La dérive de Kim Ki-duk

Un sentiment d'inachevé me prend alors que le film s'achève. Un côté brouillon alors même que je comprend l'intention du réalisateur. La sauce ne prend pas, c'est très inégal. Des raccords sont maladroits, parfois même mauvais. De même, certains acteurs ont un jeu à côté de la plaque et il est difficile de savoir si le problème vient d'eux ou du film. Leurs personnages sont tout autant bâclés, certains dialogues ne passent pas. Il est difficile de comprendre la psychologie des personnages, ils sont creux et réagissent souvent de la même façon, répètent la même idée. On a l'inspecteur obsédé par le fait de trouver un espion, violent, qui les créent plus qu'ils ne les découvrent. Il n'y a aucune évolution dans ce personnage, sa façon de penser est toujours égale.

Le héros semble tout à fait éloigné de nous, il a un côté bestial et victimaire, sa façon de se comporter est assez pulsionnelle. Difficile de s'identifier à lui d'autant plus que certaines de ses réactions sont too much et caricaturales.

A la volonté d'un naturalisme exagéré s'oppose une vulgarité et une superficialité dans le traitement tant de la situation que des personnages. J'avais par moments l'impression d'être face à un long-métrage étudiant. Un étalonnage parfois complètement raté (si étalonnage il y a eu !), des plans moches, mal cadrés, avec parfois une caméra portée qui ne tremple plus mais BOUGE DANS TOUS LES SENS.
Le choix de ne quasiment pas avoir de musiques était assez surprenant, se justifie mais dessert totalement le film. Et lorsque musique il y a, elle est mal choisie, quasiment inintelligible.

Je ne retiendrais que la scène finale, qui tranche avec le reste du film tout en gardant cette dimension ultra-misérabiliste et insupportable. Je ne suis enfin pas non plus sûre qu'une compréhension juste de la situation nord-coréenne puisse passer par ce film-là et me questionne sur son objectivité (je n'ai pas fait de recherches plus approfondies et suite à ce visionnage, ne compte pas en faire).