Producteur, réalisateur et scénariste pour le petit puis le grand écran, Larry Cohen s'inscrit dans la liste des principaux artisans étasuniens, et autres parangons de la série B, assimilés aux genres Producteur, réalisateur et scénariste pour le petit puis le grand écran, Larry Cohen s'inscrit dans la liste des principaux artisans étasuniens, et autres parangons de la série B, assimilés aux genres horrifique et science-fictionnelle. Auteur de nombreux films d'exploitation, Larry Cohen a la première particularité d'avoir signé ses débuts au cinéma avec un des plus gros succès de la blaxpoitation, Black Caesar (1973) dont la postérité aura par la suite retenu la bande originale composée par James Brown. L'année suivante, le père de la non moins culte série tv, Les Envahisseurs (1967), réalise son premier long métrage fantastique avec It's Alive (Le monstre est vivant), Prix spécial du jury au Festival du film fantastique d'Avoriaz en 1975, et premier volet d'une future trilogie qui comptera rapidement une suite en 1978.


Grand admirateur des œuvres de Raymond Chandler et des films noirs des années 40, par extension il signa plusieurs scénarios pour la série Columbo entre 1973 et 1974, Cohen fut recruté en 1981 pour écrire le scénario de l'adaptation de I, the Jury, premier roman de Mickey Spillane et premières aventures du célèbre détective privé Mike Hammer, avec Armand Assante dans le rôle-titre. Renvoyé en cours de production pour divergences, le futur réalisateur de The Stuff, jamais à court d'idées, lance dans la foulée son nouveau projet portnawak, Q, ou la renaissance par une secte du dieu aztèque Quetzalcoatl dans le New-York des années 80. Rien que ça.


La police de New-York doit résoudre une série de meurtres étranges depuis la découverte d'un laveur de vitres décapité après une chute de plusieurs centaines de mètres. Au même moment, les détectives Shepard (David Carradine) et Powell (Richard Roundtree) sont en charge d'une seconde enquête tout aussi insolite, un cadavre écorché de la tête au pied dans une chambre d'hôtel. Tandis que Shepard fait le lien entre cette victime et une série de meurtres rituels, Jimmy Quinn (Michael Moriarty), escroc minable qui participe au braquage d'une bijouterie, découvre au sommet du Chrysler Building l'existence d'un nid géant et de plusieurs cadavres...


Seconde production de Samuel Z. Arkoff (sans être crédité) pour Larry Cohen, dont la société Arkoff International Pictures finança par exemple les classiques Le corbeau (1963) de Roger Corman, La planète des vampires (1965) de Mario Bava, ou bien encore, dans le cas du réalisateur qui nous intéresse, la séquelle de Black Caesar, Casse dans la ville, Épouvante sur New-York, dans sa version française, s'apparente davantage à un hommage aux films de monstres des années 50 qu'à une opportuniste resucée du genre dans le sillage du King Kong de 1976 (clin d'œil détourné, après l'Empire State Building et les Twin Towers, on saluera la production d'avoir choisi le dernier gratte-ciel emblématique new-yorkais qu'est le Chrysler Building et une scène finale évoquant évidemment le funeste destin du roi Kong). Doté d'un budget des plus limités (un million de dollars environ), le film ne pouvait de toute façon nullement joué dans la même catégorie que le remake signé par la paire De Laurentiis / Guillermin, de là à se douter que Cohen userait de ficelles usées jusqu'à la corde en cachant la misère avec une intrigue secondaire des plus envahissantes. Quand l'ennui se confond avec la désagréable sensation de s'être fait duper.


Passé les quelques boulotages d'usage de new-yorkais par notre serpent volant géant, avec en prime une séance introductive gore, et un non moins sympathique et unique « plan nichon » proposé par madame Bobbie Burns, le constat est sans appel, l'histoire tourne à vide, Carradine tue le temps à dessiner des serpents volants sur son carnet, et le spectateur à compter les apparitions croquignolesque du dieu aztèque. On comprend dès lors les raisons qui ont poussé Cohen à développer plus que nécessaire l'histoire autour du personnage de Jimmy Quinn. Salué par les critiques de l'époque (dont Roger Ebert), la performance de Michael Moriarty laisse aujourd'hui perplexe tant celle-ci s'accorde assez mal avec le matériau de base bisseux. Tour à tour brillant, tour à tour horripilant (surtout), Moriarty occupe, entre deux rares attaques reptiliennes, la majeure de l'espace au détriment de l'attendu cahier des charges, et de ses petits camarades de jeu ? Rien n'est moins sûr. Richard Roundtree attend son chèque, et David Carradine confirme son légendaire détachement / j'm'en foutisme (rayez la mention inutile), capable du meilleur, Le gang des frères James (1980) de Walter Hill, comme du pire ici présent, en attendant l'heroic-fantasy pouet-pouet Kaine le mercenaire (1984).


Comme évoqué plus haut, avec un budget aussi restreint, des acteurs diversement concernés, et une histoire à côté de la plaque, les effets spéciaux d'Épouvante sur New-York ne pouvaient décemment pas sauver un tel film. Créés par la paire David Allen (Hurlements, Willow) / Randall William Cook (la trilogie Le seigneur des anneaux), responsable du mésestimé Laserblast (on reconnait à l'écran leur style) et du talentueux Peter Kuran (Robocop, Beetlejuice), les trois spécialistes du genre font avec les moyens du bord. Pour amateurs de stop-motion. Dernière maigre consolation, le long métrage offre des vues aériennes soignées de New-York. On s'accroche à ce que l'on peut. C'est dire...


Un bel exemple de nanar foireux et de rendez-vous manqué.


http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2016/12/q-epouvante-sur-new-york-larry-cohen.html

Claire-Magenta
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le 28 janv. 2017

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Claire Magenta

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