Il est peu probable que le représentant coréen pour l'Oscar 2022 du meilleur film international l'emporte, Escape from Mogadishu est fort loin d'avoir la qualité de Parasite mais le film de Ryoo Seung-wan n'en a pas moins de réels attraits, en particulier celui de savoir mélanger habilement les genres. L'argument de base est historique avec, au début des années 90, la guerre civile somalienne qui oblige les membres des ambassades de Corée du Nord et du Sud à s'allier pour un temps afin de fuir le brasier qu'est devenue Mogadiscio. Le film délivre un message humaniste et milite, de manière non dissimulée, pour un rapprochement entre les deux pays. Mais c'est aussi un film d'action très efficace et qui ne s'embarrasse pas de réalisme quand il s'agit de montrer une poursuite haletante dans plusieurs voitures, au milieu de rebelles déchaînés. Pousser le curseur à l'extrême limite est une habitude dans une grande partie des métrages coréens et c'est aussi cette violence brutale qui en a fait la renommée. Reste quand même qu'il y a de quoi être ébahi par la manière dont le film montre la population musulmane locale, sans nuance aucune, à la manière d'un bon vieux blockbuster américain. Les Somaliens ne sont visiblement là que pour valoriser le courage des Coréens face à des démons assoiffés de sang. Beaucoup d'observateurs ont d'ailleurs noté qu'aucun acteur somalien ne figure dans le casting et que ceux qui sont censés les représenter viennent manifestement d'autres régions d'Afrique. Mais bon, évidemment, ce n'est que le cadet des soucis d'un film qui ne prend cette guerre civile que pour la toile de fond dont elle a besoin pour développer d'autres enjeux.