J’ai aimé "Et au milieu coule une rivière" pour sa poésie dans certains dialogues et dans sa voix off (contrairement à beaucoup j'aime souvent bien les voix off) pour ses images magnifiques du Montana et cette idée de la rivière comme métaphore du temps qui passe et des liens familiaux fragiles. Mais je reste circonspect sur certains aspects de l’histoire, qui m’ont laissé une impression d’inachevé.


Par exemple, L’intrigue autour de l’Indienne semble ne mener nulle part. Elle apporte une couleur au récit mais sans véritable conséquence dramatique. On comprend qu’elle participe à montrer la marginalité de Paul et à annoncer sa fin, mais ça reste posé un peu à la va-vite et frustrant.


Même chose pour les dettes et l’alcool de Paul : on perçoit que ça détruit sa vie, mais c’est à peine creusé.

Le pasteur, pourtant très présent au début, paraît étonnamment passif face à la descente de son fils.

Certes, son sermon sur Paul est intéressant, mais dans les faits on a l’impression qu’il n’a jamais agit pour l’aider, les paroles c'est bien mais les actes aussi.


Le frère aussi reste dans une position ambiguë : il voit Paul retourner au poker sans rien dire, alors qu’il aurait pu intervenir ou même éponger ses dettes.


Quant à la mère, elle reste quasiment effacée tout au long du film.


L’assassinat de Paul, qu’on sent venir depuis longtemps, arrive comme prévu et manque d’impact. On dirait que le film ne sait pas vraiment comment conclure les pistes qu’il avait lancées sans arriver aà leur donner beaucoup de poids ni de consistance.


J’ai aussi eu un problème avec la manière dont la pêche est représentée.


Lorsqu'il revient après ses études Norman affirme que Paul est devenu un véritable artiste, et la caméra le montre avec grâce.

Mais plusieurs fois, quand il s’agit vraiment d’attraper des truites, Paul revient bredouille alors que Norman, un peu rouillé en sort plusieurs.


On sent que ça énerve Paul, il a certe le beau geste et a trouvé son propre style mais il veut forcément aussi l’efficacité.

A la fin il finit par capturer une énorme truite, ce qui peut se lire comme enfin l'osmose entre art et technique, mais jusque-là on a du mal à voir en quoi sa virtuosité lui servait vraiment. C’est comme si son talent seul, ne suffisait pas sans l’aide ou la méthode de son frère qui lui conseil les bons appâts (qui est donc le seul point essentiel pour attraper des truites le reste, le côté "artiste" est secondaire)


Finalement, le film reste beau, mélancolique, avec une jolie photographie et une certaine sincérité touchante dans la manière d’évoquer les liens familiaux. Mais cette sincérité est accompagnée trop fortement de retenue et de pudeur qui m’ont laissé une impression de manque et d’inachevé. Bref peut être mieux vaut-il lire le livre...


Bref 6,49/10


Matpalala
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le 19 sept. 2025

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Matpalala

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