Parce que l'hydrazine, c'est pas glop du tout... !

Patchwork crédible de plusieurs images de vidéo-surveillance, Europa Report a d’emblée quelque chose d’atypique – dans le bon sens du terme.

Le film se concentre sur la première tentative d’envoi d’astronautes dans l’espace lointain, jusqu’à la quatrième lune de Jupiter (Europa) avec tous les risques et toutes les difficultés que cela peut amener. Plusieurs caméras ont été fixées pour suivre l’évolution de la mission, qu’elles soient à l’intérieur ou à l’extérieur de la station spatiale. Prennent part à cette mission l’ingénieur James Corrigan (Sharlto Copley), le capitaine William Xu (Daniel Wu), les Docteurs Katya Petrovna (Karonina Wydra) et Dalien Luxembourg (Christian Camargo), ainsi que le pilote Rosa Dasque (Anamaria Marinca) et Andrei Blok (Michaek Nyqvist), que l’on verra bien entendu tous apparaître à l’image à un moment donné dans leurs tâches quotidiennes. L’équipage voyage à bord de Europe One, et la mission consiste à identifier d’éventuelles formes de vie sur Europa puisque des traces d’eau ont été repérées.

Mais rapidement, les choses se gâtent: des problèmes de communication surviennent, forçant deux membres de l’équipe à sortir à l’extérieur de la navette pour réparer ce qui doit l’être, et Corrigan est accidentellement contaminé avec de l’hydrazine et est abandonné dans l’espace… Plus tard, au moment de l’aterrissage, la navette se loupe un peu et l’équipe décide de tirer profit de leur zone d’alunissage pour réaliser quelques prélèvements de glace, où Katya décèle des éléments prouvant l’existence d’organismes vivants juste avant de mourir… Et parce que ce n’était pas encore tout au niveau des pannes / accidents: la navette ne démarre pas lorsque les survivants décident de rentrer sur Terre…

L’équipage de Europa One n’est pas énorme, et j’ai apprécié que l’on prenne le temps de présenter un peu chacun des personnages, pas nécessairement au fur et à mesure de leur apparition à l’écran, mais au moins on ne nous balançait pas à l’écran six inconnus substituables les uns aux autres au fur et à mesure de leur disparition. J’avais beaucoup aimé Sharlto Copley dans District 9 et j’ai tout autant apprécié de le voir évoluer dans Europa Report et jouer avec ses tripes, même si je m’attendais à ce qu’il soit peut-être un peu plus présent. J’aurais également apprécié d’avantage interaction entre les personnages même avec des archives vidéo, parce que là c’était un peu comme s’ils s’étaient tous contentés de vivre les uns à côté des autres… c’était un peu léger à ce niveau.

Europa Report reprend les bases classiques du film en mode huis-clos, mais avec une mention spéciale « montage de bandes de caméra vidéo »… et c’est assez brillamment réalisé malgré un rythme très TRES lent que l’on peut expliquer de plein de manières différentes. Pour ma part, j’ai choisi de m’en tenir à l’explication selon laquelle on ne perçoit pas le temps qui s’écoule de la même manière lorsqu’on ne voit plus la lumière naturelle pendant un temps, parce que forcément, les néons ne se lèvent pas et ne se couchent pas, contrairement au Soleil. Mais même avec cette explication gravée quelque part dans ma tête et tout en sachant que le réalisateur voulait nous emmener avec l’équipage dans ce LONG périple et nous faire vivre avec eux cette LONGUE traversée du vide spatial, il y avait quelques LONGS moments monotones ça et là, presque à intervalles réguliers (c’est marrant, d’ailleurs…), à chaque fois que l’on nous montre la routine des membres de l’équipage.

Malgré tout, la progression de l’histoire n’est pas prévisible et la tension est très justement dosée: on ne passe ainsi pas d’une scène un peu lente à une scène où tout le monde est hystérique; la tension s’installe progressivement, presque sournoisement… et l’on se prend au jeu, on n’en rate pas une miette !

Un peu faiblard sur certaines scènes, Europa Report est néanmoins un film entraînant. Il aurait été si facile de réaliser le même film avec de vraies scènes entre les acteurs, et le côté archives vidéo apporte un plus non négligeable et original, tout en constituant une difficulté à l’accès et l’impression que les scènes n’ont aucun rapport les unes avec les autres. Une belle surprise, pour ma part !
britishg3eks
8
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le 7 juil. 2014

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3 j'aime

britishg3eks

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