Une jeune fille, Eva décide de rester à Madrid, durant la période où tout le monde fuis la chaleur étouffante de l'été.


Moi ce qui m'a tout de suite frappé dans ce film, c'est la ressemblance avec Conte d'été d'Eric Rohmer que j'ai vu il y a quelques jours seulement. Il y a d'abord l'aspect formel : on nous indique le changement de chaque jours à l'écran (avec une petite police toute sympa).


J'aime bien la façon dont le réalisateur a su utiliser le concept sans tomber dans la vulgaire copie, ici la date n'indique pas un changement de scène d'une manière aussi marquée, puisque le changement à lieu plusieurs fois à minuit en soirée. J'ai beaucoup aimé ce petit mécanisme qui nous fait comprendre que du temps a passé, qu'on est tard dans la nuit, que les gens sont plus désinhibés...


Et avec ces jours qui passent, nous allons suivre Eva dans son quotidien et comme pour Conte d'été, le film va être une succession de rencontres et de discussions dans un climat estival mais en plus étouffant, plus suintant.


Au fur et à mesure des scènes on découvre une femme dont l’honnêteté vient trancher dans le vif. On voit ses qualités ses défauts apparaître, dévoilant un humain complexe et pas un vulgaire personnage.


Le véritable tour de force du film c'est de réussir à mettre en scène la pensée de quelqu'un, Eva ne se contente pas de faire des rencontres, ces rencontres la change et elle y songe. Les scène de silence sont des moment où on se plait à imaginer ce qui peut bien occuper ses pensées.


Il y a cette scène où elle suit une touriste asiatique jusque dans un musée. Par un habile jeu de reflets sur les vitrines, le réalisateur fait tour à tour sortir un personnage du champ puis entrer l'autre, donnant de l'intensité à la scène et relevant le désir d'Eva: elle voudrait faire cette rencontre ou en tout cas, il y a quelque chose qui l'attire chez cette touriste. Cela m'a rappelé une scène dans Conte d'été où la tension sexuelle entre deux personnages est montrée en les empêchant d'apparaître simultanément dans le cadre, comme s'ils se courraient l'un après l'autre, mais sans jamais se rencontrer.


Dans toutes ces rencontres ils y en aura certainement qui retiendrons moins l'attention mais dans l'ensemble le film nous dévoile une magnifique mosaïque de pensées humaines convergeant toutes vers un point névralgique: Eva.


Ou alors peut-être que c'est elle qui leur court après, pressée par une soif de vivre et de faire vivre...

Jz_Mokā
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le 24 mars 2021

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Jz_Mokā

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