Il faudrait toujours se méfier des mariages à la campagne. Ca commence dans la joie ensoleillée des retrouvailles d'une nombreuse famille, le vin de soif coule à flots, les femmes ont revêtu leurs robes fleuries les plus sexy... Mais tard dans la soirée, les choses finissent souvent par déraper. Là, il se met à pleuvoir des trombes d'eau - plutôt incongru dans l'Espagne aride d'un mois de juin - l'électricité est coupée et une ado est portée disparue. Il s'agit de la fille de Laura (Pénélope Cruz), laquelle Laura, soeur de la mariée, a fait le voyage depuis l'Argentine sans son mari (Ricardo Darin) trop occupé par ses activités professionnelles. Au petit matin, c'est donc la gueule de bois et le début des recherches pour tenter de retrouver la jeune fille. Mais pas question de mettre les gendarmes sur le coup. Tout cela doit rester dans le cercle de la famille élargie et dans le périmètre du village. Car on a vite compris que les ravisseurs sont des familiers. Alors c'est Paco (Javier Bardem) qui mène l'enquête. Paco, c'est l'ex de Laura. Et peut-être davantage encore?
Car pour pimenter tout cela, il y a des secrets de famille, des histoires d'argent et de terres, bref un lourd passé qui remonte à la surface.
Avouons-le, dans ce drame familial on a peine à reconnaître la subtilité du grand cinéaste d'"Une séparation" ou d'"A propos d'Elli". Ce nouvel opus tourné sur un sol européen tient plus du luxueux téléfilm estival que du grand film qu'on espérait sur le thème de la famille qu'il affectionne tant. Seuls les interprètes sauvent le film, notamment Pénélope Cruz d'abord rayonnante puis mère désespérée qui parvient à distiller les nuances que le scénario ignore. Javier Bardem, aussi, réussit à rendre crédible son personnage de vigneron amoureux et tourmenté.
Pour le reste, la réalisation est soignée, l'argent de la production se voit bien à l'écran mais l'entreprise manque cruellement d'originalité et de supplément d'âme. Mieux vaut revoir "Une séparation" que ce mariage gâché!

Clyde-Barrow
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le 23 mai 2018

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