Bullet train vs Everything everywhere all at once

Les deux films partagent le même moteur scénaristique, ou disons l’argument du destin, sachant que l’intrigue tourne autour d’un seul lieu, que le sang est loin d’être absent et que l’aspect référentiel est presque pesant, mais que les bruits empruntés à Super Smash Bros. ne sont pas plus désagréables que la brève apparition de Ryan Reynolds. La comparaison pourrait s’arrêter là, car on peut difficilement trouver une relation, entre la mère de famille interprétée par Michelle Yeoh et le voleur sous analyse interprété par Brad Pitt, hormis leur âge et leur naturel dans les séquences d’action. Et pourtant, l’antagoniste est bien une fille souffrant de sa relation à l’un de ses parents, aussi dangereuse que manipulatrice, dont l’excentricité dans le premier cas se retrouve chez Lemon et Tangerine dans le second, tandis que l’argent est posé comme enjeu secondaire, qu’il s’agisse de dettes à repousser ou d’une rançon à rendre.

Il est difficile de déterminer le degré d’orientalisme des deux films, puisque l’un porte sur une famille chinoise et que l’autre s’inspire d’un roman japonais, car le Nongli Xinnian et les toilettes intelligentes sont plus des clichés que des marqueurs, même si la musique aide, avec un morceau comme Fanny pack dans un tout cohérent pour le premier, ou des reprises comme Stayin’ alive par Avu-chan pour le second. Le point de bascule, entre le réussi et le moins réussi, se situe dans les deux cas au tiers ou au quart du métrage, mais la bascule ne se fait pas dans le même sens, et le liant est l’énergie dans les deux cas aussi, mais elle ne peut résister à la répétitivité dans le premier, alors qu’elle ne souffre pas du choix du huis-clos dans le second. Ainsi, on peut très bien relever que la réplique sur tous les moments de la vie qui aboutissent au moment présent, on la trouve formulée presque de la même manière dans l’un et dans l’autre, mais que la distanciation qui l’accompagne pour la faire passer ne passe qu’avec Brad Pitt, au point que la longueur de l’un finit par s’opposer à la cohérence de l’autre.

Avis publié pour la première fois sur AstéroFulgure