J'ai une quarantaine d'années aujourd'hui, tout comme l'inusable délire minimaliste et sanglant de Sam Raimi et de son complice Robert Tapert. Quatre décennies qui ont permis à Evil Dead de muter vers la franchise et ses déclinaisons berçant notre culture moderne.


Après avoir emprunté la voie du remake en 2013, plus sombre, puis celle de la sérialisation, réjouissante, voici venu le temps de la réinvention en 2023.


Sauf que la réinvention part sur des bases plus que curieuses, Evil Dead Rise ne faisant que réinvestir la cabane dans les bois à coup de travelling ultra rapide en FPS... Avant de délocaliser son action une journée plus tôt dans un immeuble déshérité.


Ainsi, dès le départ, il est évident que Lee Cronin fait évoluer son film le cul entre deux chaises : celle de l'obligation de faire référence aux films matriciels, et l'autre lestée de l'envie d'aller voir ailleurs si on y est.


Sauf que l'on n'y est pas trop, pour le coup, car le premier handicap de Rise et de ne pas savoir dépasser les longueurs de son entame et sa présentation de personnages clichés et survolés auxquels on ne s'attache pas du tout, dans un drame familial qui tient lieu de remplissage poussif.


Et il faudra attendre un bon gros tiers de film avant que la machine s'anime enfin. Au sens littéral du terme, avec son gore généreux, ses effets tombant parfois à plat et sa fureur sonore de quasi chaque instant. Transformant le film en barnum, histoire d'être sûr que le spectateur soit cloué à son siège à un moment ou à un autre. Et il le sera par instant, bien entendu.


Sauf que les clins d'oeil à l'original enchainent finalement le film à un héritage obligé qui ne cadre pas avec l'atmosphère sale et pourrie que Lee Cronin veut entretenir, comme la scène de l'oeil gobé, qui ressemble à un total hors-sujet.


Cronin n'est pourtant pas manchot derrière une caméra, sauf que les thématiques parfois passionnantes qu'il aborde le temps d'une ligne dialogue sont immédiatement abandonnées, que certaines impressions, tirées par exemple de l'oeuvre de Junji Ito s'envolent trop vite, tandis que certaines maladresses font tâche, comme une convocation de Shining agaçante de gratuité, ou encore la catholicisation du mal, tout droit issue de [●REC].


Rise ne réussit donc jamais à s'élever du tout venant horrifique moderne agité et bruyant. Et s'il ne se montre jamais déplaisant, il n'aurait tout simplement jamais dû porter le nom de Evil Dead.


Behind_the_Mask, qui n'est pas prêt à gober tout et n'importe quoi.

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le 25 avr. 2023

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