Sans être un fan inconditionnel d'Evil Dead (la preuve, je kiffe la série), j'avais été refroidi par le reboot/remake/détournement de 2013 par Fede Alvarez et qui ne valait que par l'interprétation de Jane Levy mais autrement se vautrait dans un fan-service trop sérieux (et trop pété de jump scares putassiers) et sans imagination.
Ici y a du renouveau: le lieu d'abord (un appartement, puis, plus globalement, un immeuble), le groupe-cible (une petite famille) et la nature du mal (quelque chose, cette fois-ci, de plus diffus et qui se propage à la manière d'une maladie). Et toute cette nouveauté me paraît bienvenue, même si elle éloigne Evil Dead Rise de ce qui fait le'identité d'Evil Dead. Notamment le Necronomicon ressort au cours d'un séisme de là où il était enterré depuis les années 1920, suggérant que soit il y en a plusieurs, doit que les évènements des films de Sam Raimi n'ont pas eu lieu dans l'univers où se déroule EDR. Peu importe, ne nous arrêtons pas là.
Le film, malgré des chiées de CGI pas convaincants, des maladresses (sérieux, la mère possédée qui sort de la baignoire, grimpe au plafond, crie, avant de retomber dans la flotte, c'est involontairement drôle), arrive à instaurer quelques moments assez répugnants, n'hésite pas à faire morfler les enfants, et réinvestit tout un univers horrifique. Ainsi, comment ne pas songer à REC face à cette possession qui se propage notamment par les fluides corporels, et transforme les victimes en pantins animés par une sorte de conscience commune? Comment ne pas penser à un zomblard plus classique, face au jeu des espaces clos, de lamenacedans le couloir, si proche qu'on pourrait la toucher, et qui est finalement moins dangereuse tant qu'on la voit dans le judas? Enfin, si globalement, EDR m'a semblé se rapprocher plus de films de paranormal et de possession plus classiques (notamment avec quelques techniques vues dans Conjuring, quoique sans doute antérieures), il braconne aussi dans le film de créatures, citant presque textuellement The Thing ou plutôt Leviathan, et Aliens le Retour dans un final que j'ai personnellement trouvé jouissif.
On sera toutefois avisé de zapper la scène d'intro, sans rapport avec le reste de l'histoire, et qui me paraît simplement prétexte à une petite effusion de sang dans les eaux scintillantes d'un lac de cristal, avant un plan titre réussi, mais un peu hors-sujet.
En résumé: un mauvais Evil Dead, mais un film d'horreur qui-fait-pas-peur-mais-c'est-quand-même-assez-dégueu plutôt décent, qui ne révolutionnera pas le genre, mais cite ses ainés avec suffisamment d'à-propos pour rester pertinent et proposer une cation qui se regarde sans ennui.
[ADDENDUM: chu en amour avec Alyssa Sutherland, qu'on se le dise.]