Il devient difficile pour les sagas horrifiques de se renouveler quand leur concept se limite à tuer dans le même environnement. Du coup la plupart du temps il s’agit de délocaliser l’action dans un lieu un peu moins commun et d’enrichir la création avec de nouvelles trouvailles et éléments scénaristiques. Dans le genre on a déjà envoyé Jason en enfer avant de l’expédier dans l’espace sans que cela n’apporte plus d’intérêt à l’histoire. De la même manière Ghostface a déménagé à New-York et à troqué son couteau pour un fusil à pompe. Evil Dead quitte à présent le milieu forestier pour un immeuble désaffecté de la banlieue de L.A. sur le point d’être démoli par la municipalité. Ne reste que quelques rats ainsi qu’une poignée de locataires bientôt contraints de plier bagage. Un tremblement de terre se produit et le cadet de la famille qui nous est introduit en profite pour s’infiltrer dans le coffre fort d’un sous-sol afin de subtiliser un exemplaire du Necronomicon ainsi qu’un vinyle contenant les incantations ésotériques du grimoire maudit. À l’écoute de l’enregistrement les forces du mal se réveille, possédant la mère célibataire qui va s’en prendre aux voisins ainsi qu’à ses bambins dans le cadre étriqué de leur appartement.


Si l’idée de changer de décor pour relancer l’intérêt s’avère louable, il est néanmoins regrettable que le réalisateur n’utilise pas la verticalité d’un tel lieu, puisqu’il se cantonnera souvent de filmer le même couloir et logement. Cela sera néanmoins l’occasion d’employé un angle de vue totalement inédit à travers un judas, bien que la boucherie tourné en plan séquence ne soit guère convaincante en raison de l’utilisation parfois approximative de CGI. Trop soucieux de son héritage, Lee Cronin s’enlise dans une intrigue poussive et redondante qui aborde artificiellement le thème de la maternité, ce que la promotion du film ne pouvait pourtant pas s’empêcher de mettre en avant. Dommage puisque ce sont les liens du sang entre les survivants qui aurait pu permettre d’établir une forme de cohésion de groupe plus élaborée et de ressentir plus d’empathie qu’à l’accoutumée mais le manque de liant et d’échanges entrave malheureusement toutes tensions dramatiques. Evil Dead Rise est également un film d’horreur de son temps qui possède les mêmes défauts que ses contemporains et souffre globalement de la comparaison avec la trilogie d’origine qui privilégiaient les excès de folie même si celui-ci s’avère suffisamment généreux dans ses débordements gores à base de verres pilés, d’objets tranchant ou contondant. Pour autant, le film dresse une galerie de gosses pour le moins attachant auxquelles la nouvelle génération non genrés pourra éventuellement s’identifier. Citons notamment une jeune fille écolo véritable garçon manqué, un ado branché rétro au look androgyne, une maman qui sort des carcans de la femme au foyer, ou bien une roadie fortement indépendante qui devra puiser dans son instinct maternel pour protéger les enfants de leur mère possédée et ainsi élever son propre bébé.


Il y a donc à boire et à dégobiller dans ce nouvel épisode qui trempe dans un bain de sang orgiaque mais coagulé par ses nombreux hommages, que ce soit au eye popping and swallowing de Evil Dead 2, la cage d’ascenseur de Shining ou bien la créature protéiforme de The Thing. Ces multiples références censés renforcer l’immersion auront malheureusement l’effet inverse sur les fans de la première heure tel que moi, horripilés par le fan service à tout va. Pire que cela, ces clins d’oeils appuyés pourront avoir la fâcheuse manie de nous faire sortir de l'histoire. Par ailleurs, la tempête d’hémoglobine et le massacre à la tronçonneuse deviennent une constante auquel le réalisateur tient également à contribuer. Pourtant si le climax avec la famille réuni au grand complet est intéressant en raison de la forme que prend l’entité, son exécution est encore une fois inférieur à son prédécesseur qu’il mime presque au plan près pour tenter de restituer la même atmosphère apocalyptique. Ce qui fonctionnait parfaitement dans les bois ne marche manifestement pas aussi bien dans un parking souterrain. C’est dans sa volonté de vouloir faire coexister l’humour slapstick cher à Sam Raimi avec la brutalité et l’horreur plus viscérale de Fede Alvarez que Lee Cronin se vautre dans une adaptation manquant cruellement de méchanceté et surtout de personnalité. Finalement Evil Dead Rise s’élève trop tardivement pour relancer pleinement l’intérêt. Comble de l’ironie, on quitte la forêt pour en retrouver une nouvelle comme ci l’avenir de la saga se retrouvait bloqué dans une impasse sans aucune autre voie.

Le-Roy-du-Bis
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le 21 juil. 2023

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