A sa manière, Cronenberg explore les inquiétudes inhérentes à la fin des années 90 et à l’avènement de la démocratisation des nouvelles technologies : pulsions humaines, addiction aux mondes virtuels, perte du sens de la réalité et par là-même modifications de l’ordre social et moral.
Ted Pikul observe une session de test d’eXistenz, nouveau jeu de réalité virtuelle d’Allegra Geller lorsque celle-ci tourne mal quand un fanatique tente de l’assassiner. Ted s’échappe avec Allegra qui insiste pour qu’ils s’immergent ensemble dans le jeu pour vérifier si ce dernier n’a pas été corrompu. S’engage alors une suite d’évènements qui vont brouiller les niveaux de réalité et font perdre pied à Ted comme Allegra, sur fond de complot de la part de la société mère, qui ferait tout pour mettre la main sur le jeu sans sa créatrice.
Si les questionnements du film apparaissent légitimes et propres à leur époque, j’ai tout de même du mal à accrocher au traitement visuel de Cronenberg, qui mélange comme à son habitude éléments organiques, ambiances glauques et repoussantes, fluides corporels et pulsions sexuelles. Je reconnais que le réalisateur pose toujours une vision artistique forte et le résultat est intéressant, mais ces œuvres sont souvent désagréables à regarder pour moi. Je me suis assez vite lassée des sous-entendus sexuels, et de l'élevage sordide qui permet au jeu d'exister (malgré une évidente critique de l'hypocrisie du capitalisme, qui en recule devant rien pour des profits). Enfin, le postulat de début finit par décevoir avec une fin relativement caricaturale et prévisible, à la limite du grotesque.