Exit Humanity
5
Exit Humanity

Film DTV (direct-to-video) de John Geddes (2011)

Quasiment tous les films de zombies prennent le temps de justifier quelque chose d'essentiel : que les zombies sont dangereux. Dans les premiers Romero, cela se matérialisait surtout par la peur irrationnelle et incontrôlable qu'ils inspiraient, étroitement liée aux thématiques traitées (la peur de l'immigration, de la pauvreté, la critique de la société capitaliste et de consommation, etc.). Le cinéma moderne n'a pas cessé de mieux expliquer que les zombies sont dangereux parce qu'ils sont trop nombreux, parce qu'ils font peur, parce qu'ils peuvent surgir de n'importe où, parfois parce qu'ils courent, etc.

Dans Exit Humanity, rien de tout ça. On ne sait pas vraiment pourquoi les zombies sont dangereux. Le film se contente de nous montrer un village en ruine, mais jamais la moindre horde, ni jamais assez de zombies pour vraiment mettre le héros en situation de danger. Au contraire, celui-ci s'adapte bien trop vite au problème et tue ce faisant toute sensation d'urgence, de risque...

Donc là où on s'attendait à assister à un survival horror classique pour un film de zombies (le mot clef étant "survival"), on assiste plutôt à une ballade dans les bois ponctuée de quelques scènes de violence assez timides et surtout sans enjeux puisque, justement, le héros donne le sentiment d'être invulnérable quasiment dès le début du film (il est beaucoup trop intelligent : il étudie carrément les zombies avant de s'éloigner de chez lui !).

Le film essaye bien d'échapper à cette problématique en le confrontant finalement à des êtres humains plutôt qu'à des zombies, mais là encore la science de faire monter la mayonnaise manque aux réalisateurs. Les méchants ne sont pas vraiment méchants, ils sont plutôt pathétiques et fous, et les gentils n'ont pas d'histoire, sont fades, sans personnalité. D'ailleurs ils ne parlent quasiment pas, et sont tout simplement montrés, sans qu'on ait vraiment le temps ni les moyens de s'attacher à eux. On comprend vaguement que le frère de la future donzelle du héros veut sauver sa soeur, capturée par les méchants, mais le pathos est si liminaire et les enjeux si rachitiques qu'au final cela ne donne jamais vraiment l'impression d'être important.

Le pire, c'est que cela fait tomber à plat les effets visuels, qui cherchent à rapprocher le film soit de l'univers du jeux vidéo (avec un découpage en chapitres), soit de l'univers de la BD (avec des passages dessinés, des couleurs pastel, des effets sur l'image). Il n'y a ni boss de fin, ni reprise d'autres éléments issus de l'univers de la BD, ni rien d'autre. Au final, on ne sait pas trop à quoi servent tous ces instruments de découpage, de travail de l'image, et ils finissent par paraître fades, ce qui est d'autant plus regrettable que les images sont au final assez réussies. Résultat, il n'y a plus ni tension, ni identité (ce n'est pas un film de zombies et il n'est inspiré ni de l'univers du jeux vidéo, ni de la BD), ni enjeux, ni rien, et tous les éléments qui auraient pu être intéressants perdent de facto leur saveur.

Malheureusement c'est cette impression que tout cela n'est pas important qui prédomine, au final, et si on a passé un bon moment devant Exit Humanity, je ne suis pas sûr que l'on s'en souvienne longtemps.

On pourra toutefois souligner quelques aspects réussis : la découverte par le héros du phénomène, sa manière de l'appréhender, avec calme, presque de manière contemplative. Cela donne lieu à quelques passages très agréables, qui capitalisent sur la manière dont le film désamorce toutes les scènes de violence et de tension pour montrer de quelle manière le héros les regarde, avec beaucoup de sérénité et d'élégance.
EcceLex
5
Écrit par

Créée

le 6 janv. 2013

Modifiée

le 8 janv. 2013

Critique lue 776 fois

3 j'aime

3 commentaires

EcceLex

Écrit par

Critique lue 776 fois

3
3

D'autres avis sur Exit Humanity

Exit Humanity
estonius
2

Boursouflure soporifique

Un film bourré de prétention et qui ne fait que démontrer sa suffisance, c'est long, inintéressant, nombriliste, grandiloquent. Ne cherchez surtout pas de second degré, encore moins d'humour; le...

le 1 avr. 2022

2 j'aime

Exit Humanity
etiosoko
7

Comme une bonne vieille BD d'horreur

Sans trop se poser de questions sur les quelques énormités du récit, voici le cruel et lugubre parcours d’un rescapé de la boucherie que fut la guerre de Sécession, ne rentrant chez lui que pour...

le 5 janv. 2018

2 j'aime

Exit Humanity
RAF43
7

"Land of the dead !"

1865, la guerre de sécession vient de prendre fin, emportant avec elle plus de vies humaines que toutes les guerres que l'Amérique mènera depuis. Après des années d'horreur, un fléau frappera à...

le 8 nov. 2017

2 j'aime

Du même critique

Southland Tales
EcceLex
8

Le New York Times a dit que "Dieu est mort".

Le pitch de Southland Tales est simplissime. L'acteur Boxer Santaros (The Rock) et une actrice porno (Sarah Michelle Gellar) ont pondu un scénario qui décrit la fin du monde telle qu'elle se profile...

le 10 nov. 2010

69 j'aime

21

Le Seigneur des Anneaux - Le Retour du roi
EcceLex
8

Critique de Le Seigneur des Anneaux - Le Retour du roi par EcceLex

Je pense le plus sincèrement du monde qu'il faut être un vieil aigri pour ne pas adorer le Seigneur des Anneaux. Jackson prend son temps, se fait plaisir, un petit effet kitsch ici et là, toujours...

le 31 oct. 2010

47 j'aime

63

Gerry
EcceLex
1

L'expérience du...

Gerry, voilà un film que j'ai passé des heures et des heures à critiquer sans jamais arriver à en écrire de critique satisfaisante. Et pourtant, ce n'était pas si difficile. L'objectif de Gus Van...

le 10 nov. 2010

31 j'aime

14