Ah, les années 90… époque bénie où le DTV (direct-to-video) régnait dans les rayons des vidéoclubs, où les jaquettes promettaient toujours plus qu’elles ne livraient, et où Chuck Norris affrontait… le Malin en personne. Oui, vous avez bien lu. Dans Face à l’enfer, Chuck ne se contente plus de corriger des terroristes, des trafiquants de drogue ou des commandos paramilitaires. Non, cette fois, il se frotte à un émissaire de Satan venu foutre le boxon sur Terre. Rien que ça.
Un Chuck Norris's Fact devenu film
Il fallait oser. Aaron Norris, fidèle frère-réalisateur de Chuck, livre ici un nanar au concept tellement absurde qu’il en devient presque poétique. Imaginez : une relique antique, un démon revenu à la vie à Jérusalem (parce que tant qu’à faire, autant mélanger l’ésotérisme et les vacances au soleil), et Chuck Norris, flic bourru mais droit dans ses santiags, envoyé pour sauver le monde à coups de tatanes et de punchlines molles.
Ce n’est plus du cinéma, c’est une légende urbaine filmée. Le film semble né d’un de ces Chick Norris Facts avant l’heure : « Chuck Norris a mis le Diable en PLS. » Et Face à l’enfer répond : « Et pourquoi pas ? »
De la VHS, du nanar, et une douce odeur de Cannon
Même si la Cannon Group n’est plus aux commandes (le film sort via Cannon Pictures post-effondrement), Face à l’enfer en garde tout le parfum : budget fauché, combats filmés au ralenti mais mal montés, figurants qui tombent avant que Chuck les frappe, et un méchant qui parle avec une grosse voix gutturale et des yeux jaunes en plastique.
C’est tellement ringard que c’en est attendrissant. On y retrouve cette époque où chaque film d’action se devait d’avoir un duo de flics, ici Chuck accompagné d’un sidekick afro-américain comique (Stephen Quadros), qui aligne les blagues foireuses pendant que Chuck reste aussi expressif qu’un parpaing.
Un film pour l’ambiance… pas pour le scénario
Le scénario ? On en parle ? Allez, vite fait : une relique est volée, un démon millénaire se réveille, Chuck est envoyé à Jérusalem, et bim-bam-boom, ça castagne du démon. Tout s’enchaîne avec la cohérence d’un rêve sous codéine, les dialogues sont d’un autre âge, et la fin est aussi prévisible qu’un roundhouse kick.
Mais on ne regarde pas Face à l’enfer pour son intrigue. On le regarde parce que c’est Chuck Norris face au surnaturel, parce qu’on aime ces petites productions oubliées, pleines de maladresse, de musique synthé datée, et d’effets spéciaux recyclés d’un vieux clip de hard rock. Le film bénéficie en prime d'une introduction médiévale au temps des croisades, assez mémorable dans son genre, avec armures, épées et incantations païennes. Ce prologue donne au film une touche fantastique plutôt bien amenée, et offre un contraste amusant avec la suite très ancrée dans les années 90. Un vrai petit plaisir de série B qui ose mélanger les genres sans complexe.
Verdict : 4/10
Face à l’enfer est un nanar VHS dans toute sa splendeur. Une absurdité filmique portée par un Chuck Norris en pilote automatique, une mise en scène pataude, mais un plaisir coupable indéniable pour les nostalgiques de l’ère Cannon. Ce n’est pas bon, mais qu’est-ce que c’est fun… à condition de le regarder avec second degré, bière fraîche et bande de potes.