Falling
6.3
Falling

Film de Viggo Mortensen (2020)

Les premiers pas d'un acteur derrière la caméra sont toujours très attendus, pour ce qu'ils révèlent de leur personnalité mais aussi pour mesurer leur culture cinématographique, emmagasinée au fil des tournages et influencée par le compagnonnage avec les plus grands cinéastes. Falling ne déçoit pas de la part de Viggo Mortensen, bien qu'il n'y ait guère de risques pris dans la mise en scène, le film valant surtout pour ses dialogues et son caractère impressionniste, fresque historique qui s'étale sur plus de 50 ans et qui refuse la grandiloquence pour une certaine douceur nostalgique. Tout du moins sur la plan visuel, avec une attention particulière portée à la nature, aux animaux et aux grands espaces, comme un hommage rendu au grand cinéma américain d'antan. Mais le cœur du métrage est bien constitué par les relations d'un père et d'un fils, au fil des années, et surtout au crépuscule hideux du premier, dont la démence sénile exacerbe ses relations avec son rejeton et provoque une logorrhée composée principalement d'insanités. Les deux personnages sont aux antipodes et presque caricaturaux : le vieux père est réactionnaire, raciste, homophobe, misogyne, etc (géniale interprétation de Lance Henriksen); son fils est tolérant, libéral et ... homosexuel. Tout le pari de Mortensen est de montrer comment les deux, chacun représentant une certaine idée générationnelle, mais aussi de deux Amériques qui s'affrontent à chaque élection (Trump vs Obama, en quelques sorte), peuvent se porter un certain type d'affection. Le film, peut-être trop pudique, ne charrie pas autant d'émotions que souhaité, mais c'est volontaire de la part du réalisateur qui a choisi délibérément de faire fonctionner Falling par un va-et-vient incessant entre présent et passé. Il y a quelque chose de humble dans ce premier essai de Mortensen, et c'est ce qui en fait le prix, mais l'on sent aussi qu'il le cinéaste en a sous le pied et qu'il pourrait bien nous surprendre à l'avenir.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2021 : quelle belle année en salles (ou pas) et Au fil(m) de 2021

Créée

le 30 déc. 2020

Critique lue 1K fois

5 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 1K fois

5

D'autres avis sur Falling

Falling
dagrey
7

"Pardonnes moi de t'avoir mis au monde pour que tu meures*..."

John vit en Californie avec son compagnon Eric et leur fille adoptive Mónica, loin de la vie rurale conservatrice qu’il a quittée voilà des années. Willis, son père, vit seul dans une ferme isolée,...

le 23 mai 2021

23 j'aime

14

Falling
JoRod
7

Viggo première !

Le tant apprécié Viggo Mortensen s’essaye à la réalisation avec Falling. Une histoire de filiation père-fils conflictuelle et complexe mis en scène avec la finesse et la pudeur qui le...

le 12 oct. 2020

13 j'aime

Falling
AnneSchneider
7

Quand la vraie force se cache là où on ne l’attendrait pas…

Connu pour ses prestations d’acteur, mais également reconnu en tant que poète, photographe et peintre, Viggo Mortensen, tout en tenant le premier rôle, passe également derrière la caméra pour sa...

le 22 juin 2021

12 j'aime

6

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

74 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13