La vie rêvée est là, à portée de main, telle qu'elle aurait du être, sans ses compromissions, ses ratés, ses réalités. Quand il s'installe dans le voisinage de Boggis, Bunce et Bean, trois grands diables de propriétaires trop sûrs de leurs lois — à qui il est temps de rabattre le clapet — notre cher M. Fox est confronté à tous les vieux problèmes.
« Qui suis-je » s'interroge la marionette au flair infallible, « ma vie m'a-elle été confisquée », et pour se réapproprier l'affaire, le chapardeur osera-il agir seul, laissant sa femme l'imaginer en sage journaliste et ses amis en bon père de famille ?
La grande — éternelle — quête de nous-même. Lutte de notre sauvagerie et de cette force raisonnable, sage, de la norme. Ce poids du regard d'autrui. Et ce renard qui hurle à la lune sa faim d'autre chose, sa faim insubmersible, irascible, ce feu insoumis dans le regard.
« Ne soyez rien, devenez sans cesse. Soyez toujours pour vous même votre dehors, le dehors de toute chose » disait Damasio dans La Zone du Dehors.
Et à l'issue de cette bataille acharnée contre soi-même, au risque d'y laisser des plumes, cachée derrière un bleu et quelques remontrances, ne serait-ce pas ? Si, on dirait. On l'aperçoit qui luit. Au delà de l'aventure, plus brumeuse que l'inconnu, plus âgée que tout le reste, plus sage et plus rêche, la bête qui sommeille en nous. Un peu assagie. Mais toujours assoiffée. Toujours alerte.