VROOM VROOM // Bitches know they can't catch me

Si je m'attendais à prendre mon pied en regardant un film pareil, je n'y aurais pas cru. Et pourtant ! Fast and Furious 7 sait ce qu'il est, d'où il vient et où il va. Il sait très bien qu'au fond il n'est qu'un délire de gamin de 10 ans parfaitement incohérent et grotesque sans aucune limites. C'est un film où on saute d'immeubles en immeubles en voiture et on finit la course dans un musée, dans un dérapage incontrôlé à dévaster toutes les œuvres d'art qui s'y trouvent, fussent-elles antiques et précieuses ou contemporaines et ringardes.

Il y a une énergie folle qui émane de Fast and Furious 7. Il y a tellement d'excès dans la mise en scène que sa cohérence en devient secondaire. Il y a des panoramiques à chaque plan, et notre regard tourne, tourne, tourne comme un pneu qui crisserait dans un parking. La mise en scène est volage, les personnages sautent d'un point à un autre de l'écran en un cut sans que ça ne gêne qui que ce soit. Des plans d'ensemble surgissent pendant les dialogues. Des centaines de milliers de cuts séquencent une seule et même action. Le fantasme est omniprésent, on ne représente pas une image, une action claire, mais une idée, une envie, une atmosphère. Comme on partagerait une histoire avec les copains en jouant aux petites voitures.

D'ailleurs, le jeu est omniprésent. Les villes et les caisses sont présentées avec autant d'effets m'as-tu-vu qu'un jeu vidéo. Les plans impossibles se succèdent et rappellent tous les classiques de de vaurien. Need for Speed, GTA et surtout Saints Row quand The Rock défonce un hélicoptère avec une gatling en marchant dans des rues désertes. Le film flotte sur un nuage de surenchères, et ça marche.

Enfin, jusqu'à un certain niveau. Il se passe tellement de choses complètement folles qu'il y a finalement peu de tension dans le film. On n'a pas vraiment peur pour les personnages, et quand l'un d'eux se fait abattre dans une fusillade (avec des inserts de plan FPS tavu), on s'en fiche un petit peu. Le manque de lisibilité de l'action empêche aussi finalement de bien comprendre la teneur de certaines scènes, et il y a fort à parier que si on réduisait le nombre de cuts, le film serait finalement assez ridicule.

Le ridicule, c'est aussi l'imagerie franchement beauf du film. Les scènes de matage sont révulsantes et on a de la peine à s'attacher à des héros qui passent leur temps à mater des meufs en bikini et conduire des caisses. Ces dernières sont d'ailleurs finalement assez décevantes. Je loupe très certainement des références aux films précédents, mais elles manquent d'identité et il y en a tellement... Après le truc cool, c'est qu'elles ont un rapport quasi-organique avec les personnages qui les conduisent. La voiture devient une extension du corps comme une armure de métal à 4 roues, et il est tout à fait normal de pouvoir lever l'avant d'une voiture en un coup de levier de vitesse. On a même un passage assez sympa dans la course-poursuite à Abu Dhabi où les personnages mettent carrément leurs mains dans les circuits de la voiture pour l'arrêter, la preuve s'il en faut que les voitures ici sont belles et bien vivantes, en dépit de leur manque de caractère.

Fast and Furious 7 reste donc un film sympathique porté par un cast très solide. The Rock, Jason Statham et Vin Diesel sont de purs acteurs de films d'action au sommet de leurs formes et Kurt Russell cabotine pas mal. Le reste est plus anecdotique, mais c'est tout de même bien dirigé. C'est vulgaire et souvent ahurissant de bêtise et de mauvais goût, mais c'est un divertissement plus solide qu'il n'y laisse paraître. Ça me donnerait presque envie de m'intéresser au reste de la série.