Un petit film australien méconnu, Fast Talking est une curiosité étonnante. C'est l'histoire d'un gamin de 15 ans qui passe son temps à monter de petites arnaques, pris entre un père complètement alcoolique et un frère dealer, dans une banlieue industrielle de Sydney au début des 80's. Lourd, dramatique et consternant, le propos n'en reste pas moins traité avec une légèreté surprenante, faisant part belle à la comédie (et effectivement, le film est régulièrement très drôle) et oscille entre la rudesse impitoyable d'un Ken Loach (Kes) ou la joie délurée d'un John Hughes (Ferris Bueller). J'ai aussi beaucoup pensé au film français Laisse Béton, il y a des similitudes évidentes entre le destin des deux gamins des deux films, pris dans un quotidien dégueulasse et rêvant l'un de rock'n'roll, l'autre de mécanique...
C'est que le jeune Steve (joué par Rod Zuanic, futur Scrooloose de Mad Max 3) tombe sur Redback, un jeune type qui va faire office de modèle. Il s'agit d'un mécano sympa, goulument interprété par Steve Bisley (Jim Goose dans Mad Max 1) qui lui donne d'emblée une aura mythique un brin anachronique, donc universelle. Face au délitement social dans lequel se débat joyeusement Steve, Redback va incarner toutes les valeurs de l'Australien mythique, taciturne et ex taulard, mais généreux et, surtout, bon en mécanique. C'est lui le sorcier, le Obi Wan qui offrira au jeune son objet magique lui permettant de résoudre tous ses conflits : une moto. Laissant derrière lui sa copine, sa famille et son école, le gamin peut donc fuir vers le soleil couchant, pilotant une grosse bécane dans l'espoir de refaire sa vie à Alice Springs. Un conte de fée australien des années 80.
Fast Talking est sympathique du début à sa fin, pas forcément par sa mise en scène, guère spectaculaire et pas toujours très efficace, mais surtout grâce à son casting et l'interprétation fraiche et spontanée des gamins. Rod Zuanic, à 15 piges à peine, campe un personnage crédible, d'une magnifique justesse. A ses côtés, jubilant dans son rôle, Steve Bisley est parfait. Bon, la seule copie disponible (le DVD d'Umbrella) est dégueulasse, en 4/3 et sans sous titre, mais ça n'empêchera pas le spectateur curieux de prendre son pied.
(ah oui, l'affiche est atroce aussi)