Bien que ce ne soit pas le dernier film de Billy Wilder (c'est son avant-dernier), Fedora sonne comme un testament cinématographique où résonne un glorieux passé cinématographique.
Ce film raconte le suicide d'une ancienne gloire du cinéma, et dont un producteur va se rappeler leur dernière rencontre, survenue quinze jours plus tôt.

Ce producteur, magnifiquement joué par William Holden, va faire des pieds et des mains pour rencontrer cette femme, retirée du métier depuis des années, et veut la persuader de tourner une nouvelle version de Anna Karénine, un film qu'on imagine identique à ceux réalisés dans les années 30-40, à la jeunesse de cette actrice. Dans cet enfermement, on peut penser à Greta Garbo, qui a fini sa carrière à la même époque, assez jeune, et qui s'est totalement coupée du monde jusqu'à la fin de sa vie.
Le film résonne également avec Sunset Boulevard, tourné près de 30 ans plus tôt, déjà avec William Holden, qui représentait la déchéance d'une actrice à seulement 50 ans.

D'une certaine façon, il est très difficile de parler du film sans en dire trop, mais je me baserais sur ceci ; le film peut être vu aujourd'hui comme une critique sévère l'égard du Nouvel Hollywood (où il est explicitement dit une référence à ces "barbus"), qui auraient annihilé le cinéma plus traditionnel, la charge y est terrible, mais, et c'est là le talent, elle est assénée sans passer pour une charge.
Il est à ce noter que ce film est une production allemande, refusée par les Majors américaines sous prétexte que le public d'alors n'y comprendrait rien. Avec le recul des années, et sur ce que le cinéma nous a laissés depuis, il faut dire que Fedora est un très beau film sur les légendes hollywoodiennes qui, d'une certaines façon, ne disparaissent pas une fois le générique de fin, elles vivent dans nos mémoires.

Peut-être que c'est un chouia trop long vers la fin, mais ça reste du haut niveau, et avec une interprétation haut-de-gamme, dont Michael York (qui joue son propre rôle), Marthe Keller, et un très beau cameo de Henry Fonda.
Je n'ai pas vu Buddy Buddy, mais à juger la carrière de Billy Wilder, aussi bon dans le drame que dans la comédie, ce film-ci n'est pas drôle, Fedora clôt magnifiquement une des plus grandes carrières du cinéma.
Boubakar
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le 26 mars 2014

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