Un bien beau film, très touchant (mais aussi avant-gardiste) dans son traitement de la féminité et plus globalement de la condition féminine. Cette brave Alison qui, malgré sa modeste condition de femme, s'impose la vie ambitieuse mais difficile de dirigeante d'entreprise (de construction automobile qui plus est - un domaine que l'on sait difficilement appréhendable par les femmes) et qui collectionne les conquêtes masculines piochées dans son usine avant de les congédier sans vergogne est tout à fait émouvante dans son illustration de ce profil de femmes se voulant fortes (sic), quitte à nier leur instinct maternel et, par là même, à se priver de ce qui fait pourtant le sel de leur existence, à savoir le changement de couches et la préparation de compote de pommes pour les enfants. Tous ces plaisirs féminins (auquel on peut ajouter le repassage des chemises de monsieur) sacrifiés sur l'autel d'une vulgaire - et au fond chimérique - réussite professionnelle, hélas bien chronophage et aliénante pour une faible femme.


Alors quand finalement notre héroïne rencontre un homme assez brillant et charismatique pour réveiller en elle sa vraie nature de femme, et finalement la convaincre de lui laisser les rênes de son entreprise afin qu'elle puisse soulager son esprit de toutes ces responsabilités bien trop sérieuses et enfin envisager une vraie vie de femme au foyer, on ne peut être qu'ému. Emu de voir qu'il n'est jamais trop tard pour donner un sens à sa vie, ému de voir que tout le monde a le droit à la rédemption et surtout, ému de voir que cette femme aura la chance de vivre heureuse et de connaître elle aussi les joies inénarrables de la préparation de goûters pour ses nombreux enfants entre deux émissions de télé-achat. Bref, vraiment un beau film, qui gagnerait à être largement redécouvert et diffusé aux jeunes filles d'aujourd'hui, dont le manque de repères est hélas tributaire d'un manque de représentations fortes et inspirantes telles que celle-ci, au titre délicieusement évocateur et programmatique : Female. Tout est dit.


Non, plus sérieusement, le film est très sympa, mais bordel, la conclusion tombe comme un cheveu sur la soupe. La femelle alpha qui, en deux temps trois mouvements, vire sa cuti et décide par amour d'abandonner son éclatante réussite professionnelle et sociale pour devenir une vaillante femme au foyer, c'est quand même très décevant. Il y avait mieux à faire, même à l'époque - surtout à l'époque. Là, on a l'impression qu'après une heure tout à fait plaisante, le film est brutalement interrompu sur le mode le plus trollesque possible. Dommage.

ServalReturns
7
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le 22 juil. 2020

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ServalReturns

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