(...) Dès le début, Almodóvar s’amuse à nous perdre.
Déjà, par l’auto-citation… Le titre du film – qui promet un certain spectacle voyeuriste – n’est-il pas également, un résumé de la plupart des personnages féminins de sa filmographie ? Ce film sera t-il donc plus spectaculaire que ses précédents ?
La réponse arrive sous forme de pied de nez : Almodóvar ne propose pas d’intro-signature !
La fameuse scène-voyeuriste-de-sexe-explicite est remplacée par une sorte de clip ; un magnifique travelling latéral N&B dans lequel un homme crooner rencontre de nombreuses femmes, chacune différente de la précédente, et les caractérise d’une phrase .
Le ton est donné : dans FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS, l’esthétique est toujours là, mais l’humour remplace la provocation.
On observe également, un retour aux origines : Almodóvar replace la Femme (les femmes) au centre de l’histoire. Les deux hommes principaux n’ont qu’une importance scénaristique ; l’un n’est quasiment présent que par la voix – après tout, c’est un doubleur – une voix séductrice, mais dont on ne peux jamais vérifier les intentions du fait de sa distance. Ce personnage sert de moteur à l’histoire sans presque jamais intervenir physiquement ! une trouvaille fort bien mise en valeur.
L’autre, son fils, est à l’instar du spectateur, un observateur distant qui ne comprend pas toujours tout et doit démêler ce patchwork féminin via moult questionnements.
Les caractéristiques du réalisateur sont en partie là – écriture des dialogues dense, précise et dynamique, et personnages secondaires géniaux – la nouveauté vient de la suppression de tout élément tabou, synonyme de légèreté. Mais ce retrait n’est pas pour autant une perte de qualité, ou de personnalité. Pour moi il signifie que le réalisateur s’intéresse plus à satisfaire le spectateur par la surprise que par orgueil. Plutôt que de tomber dans une quelconque forme de répétition, un accent du film est développé au maximum. Ainsi, le scénario de FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS est un bijou.
Almodóvar éparpille les pièces de son histoire comme un puzzle. Mais un puzzle issu d’un Bosch ou d’un Ou est Charlie (ou Ivan)!
Avec malice, il prend un malin plaisir à nous présenter toujours plus d’éléments n’ayant aucune logique ni relief… Au début en tous cas.
Le génie attractif du film provient de la manière dont ces éléments nous sont amenés par le réalisateur : via une mise en scène toujours plus inventive qui maintient subtilement notre attention, sans pour autant redoubler d’effets (...)


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le 13 oct. 2014

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