Quand la trompette perce le ciel...

Commençant sur un ton léger et badin, ce film est d’une grande violence psychologique, le ton ne cesse de s’assombrir au fur et à mesure que se déroule l’histoire.
Violence essentiellement verbale, elle finit par se manifester aussi physiquement lors de l’affrontement entre le père et le fils.
Troy, cet homme qui plaisante, qui parle à tort et à travers est un homme blessé à mort et qui blesse ceux qu’il aime. Enfermé dans sa condition sociale et sa « négritude », sa vie est une histoire de survie. Elle consiste à travailler et à gagner juste ce qu’il faut pour nourrir et loger sa famille. Sa philosophie se résume ainsi : « se contenter de ce que l’on a », « accomplir son devoir » mais elle s’accompagne de dureté, de frustration, d’incapacité à accepter le chemin que ses enfants ont choisi. Et c’est auprès d’une autre femme qu’il cherche une échappatoire à ce conditionnement social étroit qui l’étouffe faisant exploser ainsi son couple pourtant uni dans l’amour. Sa femme, épouse modèle, parfaite, présente à ses côtés quel que soit le prix à payer à qui il annonce sans remord qu’il l’a trompée avec une autre femme et qu’il attend un enfant, encaissera le coup avec dignité et courage.


Il n’y a pas de « morale » à chercher à cette histoire, pas de sens particulier. Elle ne nous invite pas à juger. C’est une histoire de vie banale faite de violence quotidienne cachée. Vie étroite, fermée, à l’image de cette barrière en bois dont Troy entoure sa maison. Pourtant cet horizon fermé va s’ouvrir sur l’immensité après sa mort, quand son frère, handicapé, jouera de la trompette en la dirigeant vers le ciel pour lui ouvrir les portes du paradis. C’est une note difficile à sortir, douloureuse, à l’image de la vie de Troy, qui s’échappera de la trompette et c’est alors que le soleil trouant les nuages nous offre une image d’espérance.

abscondita
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le 28 août 2021

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abscondita

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