Fight Games
5.9
Fight Games

Film de Michael Dowse (2012)

Quel dommage que Fight Games ne sorte pas au cinéma en France. Malgré la présence en tête d'affiche de Seann William Scott, le film souffre d'un thème le rendant hors catégorie d'office : le hockey. Comme pour l'excellent drame avec Sandra Bullock (The Blind Side – football américain) ou celui avec Brad Pitt (Le Stratège – baseball), bon d'accord celui-ci a bénéficié d'une sorte en salle mais le nombre de copies était pitoyable au vu l'envergure du film, le sport à l'honneur de Fight Games ne connait pas une bonne popularité en France (seulement 17 863 licenciés en 2008) du coup, les médias extrêmement frileux ne préfèrent pas prendre de risques.

Attention aussi à la publicité mensongère présenté sur l'affiche, Fight Games n'a que peu à voir avec Rollerball, il est davantage une comédie sur l'amour du sport et non pas un film d'action. D'ailleurs, le nouveau titre pour le marché français ne rend vraiment pas hommage, je lui préfère largement Goon (titre VO). Goon étant un joueur de hockey cherchant à se battre et à frapper l'adversaire. Un dur en cuir là pour détruire le moral de l'équipe adverse et annihiler les constructions du jeu adverse. Un milieu défensif du football à l'ancienne, un Gattuso pour les amateurs de football. Le goon repose sur une particularité du hockey, les joueurs « ont le droit » de se battre même s'ils seront pénalisés ensuite, ils ne seront que rarement exclus même en faisant couler le sang. Pour ceux qui ne connaissaient pas le hockey, ça risque d'être une vraie surprise. Pour les amateurs de foot, imaginez si on donnait le droit à Gattuso de se castagner contre les joueurs de l'équipe adverse...

Bref, Fight Games est adapté du roman autobiographique de Doug Smith (oui, il s'agit d'une histoire vraie), un mec ayant commencé à patiner à l'âge de 19 ans?! Il présentait donc de grosses carences pour évoluer au plus haut niveau mais c'était largement compensé par l'amour du maillot. Il saignait pour l'équipe et était capable de se sacrifier pour. Doug multiplie les moments de bravoure dans le film notamment sur une séquence où il se retrouve gardien sans l'équipement. Une scène surréaliste foutant des frissons partout. Assurément, le point d'orgue du film et la définition parfaite du sacrifice pour le collectif. Une véritable leçon d'humilité et la preuve absolue que le talent ne fait pas tout (excellente mise en parallèle avec Laflamme). Chaque grande équipe de l'histoire avait un joueur de ce calibre.

Le scénario signé par Jay Baruchel et Evan Goldberg (membres de la troupe Apatow/Rogen) insuffle dans cette histoire classique à la Rocky (le looser qui devient un héros) de l'humour même si c'est parfois lourdingue surtout pour le personnage incarné par Jay Baruchel mais la prestation de Seann William Scott est tout simplement hallucinante à mille lieux des personnages qui ont fait sa réputation. Il incarne ici un mec gentil représenté à merveille par le slogan du poster originel : « Meet Doug, the nicest guy you'll ever fight. ». Son rôle, bourré d'humour, sort bizarrement des sentiers « americanpiesés » estampillés pause-caca. En plus, on trouve dans Fight Games une love story simple mais touchante avec la Kim de Scott Pilgrim, Alison Pill.

On va aborder le point sensible : les matchs. Point difficile tant il est dur de reproduire la sensation d'un vrai match sans oublier que le hockey est un sport qui ne passionne pas les français. Pas grave, Fight Games ne s'attache jamais vraiment à présenter un long match seulement les portions où intervient Doug. Le réalisateur offre alors des séquences survitaminées à défaut d'offrir une maîtrise cinématographique du niveau de certains de ses collègues comme Oliver Stone dans L'enfer du dimanche. Les matchs sont plaisants à suivre car réduits à leur expression la plus simple (pas de règles confuses ou compliquées) : il faut marquer un point de plus que l'adversaire. En gros, ça ressemble beaucoup à du foot mais sur de la glace et avec un crosse et sans la règle de hors-jeu qui embrouille les néophytes. Notons tout de même des séquences impressionnantes où la caméra se colle au palet ou lors des démonstrations de talent de Laflamme, le coéquipier prodige de Doug. Le mec évolue avec une telle aisance sur le terrain que notre mâchoire se décroche. Cela permet aussi d'ajouter une belle leçon de fraternité avec Doug. Difficile de ne pas vibrer lorsque les deux évoluent en symbiose. C'est la magie du sport, c'est pour ça qu'on l'aime.

Les combats entre goons sont réduites à leur plus simple expression. Pas de chorégraphie de malades comme chez les asiatiques, les mecs s'empoignent et se foutent des gnons sur la tronche (Rocky Balboa aurait fait un grand goon). La réalisation a la bonne idée de coller aux combattants en se plaçant du côté de leurs épaules ou les filmant en gros plan. Une sensation de proximité s'installe rendant la force des coups plus pertinents (bien aidés par la déflagration des basses). Cela fait son effet à défaut de marquer les esprits.

Finissons cette critique passionnée en abordant deux autres personnages : le rival et le coach. Le rival est joué par le toujours excellent Liev Schreiber (c'était le seul point positif du catastrophique X-Men Origins: Wolverine). Il incarne ici la star sur la fin, l'ancien Doug et leur rivalité respectueuse force le respect. Liev Schreiber incarne avec beaucoup d'envie ce personnage attachant et surtout on croit à ce baroudeur qui en a vu plus d'un sur la glace. Le coach incarné par Kim Coates tout simplement pour faire un clin d'œil à l'excellente série Sons of Anarchy et puis, quelle classe en costume.
Marvelll
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le 25 juin 2012

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