Fin d'automne par Samji

Fin d'automne est le pendant de Printemps tardif. Dans ce dernier, Setsuko Hara jouait la fille de la famille qui faisait face à son père et qui refusait de se marier. Ici, elle joue la mère qui pousse sa propre fille à se marier. Les parallèles sont saisissants : la fille qui devient en colère en croyant que son père / sa mère compte se remarier, le dernier voyage en famille dans une auberge qui se conclut avec un monologue du père / de la mère sur l'importance du bonheur de son enfant, le mariage avec la mariée qui porte exactement le même costume, jusqu'à la dernière scène, lorsque le père / la mère se retrouve seul dans son salon après le mariage de sa famille, qui donne lieu à la scène la plus déchirante jouée par Chishû Ryû (dans Printemps tardif), et probablement au sourire le plus triste de l'histoire du cinéma avec Setsuko Hara (dans Fin d'automne).

Les différences toutefois soulignent l'évolution d'Ozu en une décennie. Le film est plus léger avec un accent comique plus prononcé, le groupe d'hommes servant à la fois pour les scènes les plus drôles et pour faire avancer l'histoire. L'intrigue permet de développer un pan resté dans l'ombre du cinéma d'Ozu : les relations mère-fille. Setsuko Hara, dans son premier rôle de mère pour sa cinquième et avant-dernière apparition chez Ozu, joue ici merveilleusement bien, beaucoup plus dans la retenue que dans Printemps tardif, et pourtant tout aussi émouvante. Sans conteste un de ses plus grands films, et il n'y a probablement pas que les trois cinquantenaires du scénario qui sont tombés amoureux d'elle. Le film est enfin plus optimiste, puisque la fille finit par se marier par amour, alors que Setsuko Hara était quasi forcée de se marier dans Printemps tardif.

Fin d'automne est assez peu reconnu dans la filmographie d'Ozu, à mon sens il est très clairement sur le podium de ses meilleurs films : c'est un très grand film, riche, subtil, émouvant, drôle, sarcastique, même sociologique et politique, avec une actrice au sommet de son art.