Un jeu subtil avec le temps qui se dévoile peu à peu et qui est le cœur du film. C'est une histoire délicate sur la jeunesse et ses peurs et une réflexion douloureuse sur la maturité condamnée à la cruelle compagnie des souvenirs.
Soutenu par un bon travail de ses deux acteurs principaux, le film s'éloigne de certaines conventions pour introduire un nouveau regard sur le cinéma gay.
L'esprit de Marienbad à Barcelone. Nuit d'été et nuit d'hiver. 20e et 21e siècle. Réveillez-vous et dormez. Le cinéaste argentin Lucio Castro fait ses débuts au cinéma avec cette histoire dans laquelle, suivant sa propre voix littérale dans le film qui s'accorde entre les deux amants qui jouent dans ce microcosme de couple, il se concentre sur l'équilibre entre sa propre expérience et les choses qui admire. Le premier se trouve dans son traitement original du tempo, du silence et de l'hésitation des personnages. Et le second ce n'est pas seulement Resnais et le montage disruptif mais épuré de Nouvelle Vague, mais aussi la gueule de bois et le bel amour/coup de cœur du cinéma de Hong Sang-soo avec en plus des airs d'underground new-yorkais.
Le tout avec une élégance qui part de la sérénité retrouvée dans une relation entre deux hommes dans laquelle il y a de la place pour tout, du sexe explicite à l'ennui en passant par l'illusion d'un amour étendu dans diverses directions et dans lequel, comme disent les paroles d'un beau tango de Gardel (pour le côté Argentin et l'opportunisme, ): "20 ans, ce n'est rien" et se perds dans le regard fiévreux du protagoniste qui à l'aube de l'an 2000, cette fin de siècle, se transforme désormais en rêverie amoureuse. Cette brume de souvenirs, de doutes et d'imagination qui se diffuse entre ces deux convaincants protagonistes est complétée par une utilisation élégante de la musique qui intègre le personnage de Mía Maestro, témoin spectral des méandres d'un amour à cheval sur des siècles et des rêves.

HenriMesquidaJr
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le 22 oct. 2021

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