Un de mes grands plaisirs de cinéphile réside dans le fait de découvrir un ou une cinéaste, à travers un film, qui peut-être n'est pas représentatif de son travail, peut-être n'est pas son meilleur, ni même celui par lequel il faudrait aborder sa filmographie et de sortir de la séance absolument conquis et impatient de pouvoir voir ses autres films.

First Cow était donc ma première rencontre avec Kelly REICHARDT et il me semble ma première expérience avec un western au féminin.


Dès lors le regard d'une femme sur cet univers majoritairement masculin, viril et violent, s'il n'essaie pas de nous le dépeindre comme étant doux, heureux, et traversé des enjeux et espoirs des hommes venus en quête de lendemains plus enchantés, il le réserve pour le hors champ. En effet, comment ne pas ressentir la dureté de cet univers lorsque l'on voit les protagonistes, ces gueules tout droit sorties des misérables ou de germinal ? Comment ne pas comprendre la rudesse de la vie quotidienne en observant les oppositions entre natifs et colons, mais aussi entre possédants et ceux qui ambitionnent de posséder ?


Pourtant, si tout ceci est bel et bien présent en filigrane, Kelly REICHARDT s'attache à nous montrer que pouvaient surnager de tout ceci des instants de pures poésie, de tendresse et d'humanité. C'est une main qui cueille des champignons, c'est cette amitié sincère entre deux hommes de rien, qui trouvent grâce à la première vache présente sur ce territoire de liberté et de nouvelles vies, un moyen d'approcher leurs rêves de mieux, tout en apportant un peu de douceur et de réconfort à leurs compagnons de galères.


Hélas comme un déterminisme ou plus exactement comme l'inéluctabilité de destins qu'on sait aujourd'hui voués à être rattrapés par les mêmes problématiques qui étaient les leurs sur le vieux continent qu'ils ont quittés plein d'espoirs, la cruelle réalité du capitalisme, dans le sens de la propriété des moyens de production viendra sonner la fin du rêve, ainsi le film qui parvient à nous faire espérer en l'espoir sommes toutes raisonnable de ces deux hommes dans les deux premiers tiers, nous rattrape et nous recolle au réel dans un dernier tiers et vient nous dire de façon irrévocable que même dans ce territoire de cocagne on ne prête qu'aux riches et que dès le début l'"american dream" est utopique.


J'ai pu lire çà et là, des critiques regrettant le rythme lent, contemplatif du film, je peux l'entendre, mais à titre personnel, et je crois l'avoir déjà mentionné, plus ça va, plus j'apprécie et même recherche ce genre de films.


J'ai vraiment hâte de voir d'autres films de cette réalisatrice, soit Night Moves (2013) que j'ai récemment acheté en DVD, soit La Dernière piste (2010) une autre proposition sur le thème du western.

Spectateur-Lambda
7

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Créée

le 24 sept. 2022

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