Un Miike au ciné, comment refuser ? Et un bien sympa en plus, avec cette romance mignonnette au milieu d'affrontements sino-yakuzas qui sont l'occasion pour le réalisateur de renouer avec l'une de ses figures préférées. Mais si Miike est toujours capable de magnifier les gangsters japonais (c'est concours du poseur le plus classieux), c'est finalement pour mieux les moquer en poussant progressivement la caricature jusqu'à une bouffonnerie qui explose dans le dernier segment du film : les yak' semblent alors tous être des branquignoles incapables dont les assauts virent au slapstick gore.


Leur meilleur représentant en la matière est évidemment Kase, dont le plan wannabe machiavélique de trahison de son clan vire au naufrage hilarant (le loupé de l'attaque au taser est génial). Voir le bonhomme et son compère ripou tenter de corriger leurs erreurs dans une interminable fuite en avant de catastrophes est un point fort de First Love. En face, le gang chinois donne dans un bling bling un peu similaire, avec ses archétypes sympas (le chef amputé n'est pas sans évoquer un certain boxeur manchot) et sa participation tout aussi croquignolesque à la baston finale. Dommage que le splendide générique de fin ne les mette pas plus en valeur.


Et donc au milieu de cette foire d'empoigne, 2 jeunes amoureux du hasard sont projetés l'un vers l'autre : un boxeur amateur atteint d'un cancer cérébral incurable et une prostituée camée qui paie les dettes de son père abuseur (la comédie romantique selon Takashi Miike !). Des destinées brisées à l'existence frêle qui, de nouveau dans la tourmente des événements, devront justement y trouver leur salut. La relation fonctionne bien et sert de bon contrepoint aux débilités mafieuses sus-décrites. La peur de la mort prochaine et la force de vie qui en résulte qu'incarne le personnage de Leo ne sont sans doute pas sans rapport avec l'âge du réalisateur.


Miike qui a atteint une certaine maturité dans son cinéma, canalisant suffisamment ses délires de jeunesse pour offrir un film plus équilibré, bien shooté, et sans trahir pour autant ses frasques de mauvais garnement (citons également le passage en animation). Et toujours sans trop savoir à quel moment terminer son film. Un vrai plaisir sur grand écran, envoyez la suite quand vous voulez, je suis prêt.

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le 22 juil. 2020

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