Faut-il réellement présenter l'histoire de First Man ? Après tout, tout le monde la connaît, non ?! L'histoire du premier être humain à avoir foulé le sol lunaire.
Eh bien non. Enfin peut-être pas toute l'histoire. Car on a tous en tête ces images du premier alunissage, de "C'est un petit pas pour l'Homme, un grand pas pour l'Humanité", de la photo de la Terre vue de la Lune... Mais qui a en tête les essais Gemini, projet spatial précédent le projet Apollo, qui ont permis les avancées technologiques de la navette qui a emmené le premier homme sur la Lune ? Qui connaissait l'histoire de la famille Amstrong, ce qu'ils ont endurés pour permettre cette avancée formidable ?
Autant de questions qui m'ont soudain parues essentielles. Car oui, le film nous fait découvrir que mettre un pas sur la Lune, c'est tester sans cesse ses limites, c'est ne pas arriver à contrôler une navette à l'approche d'une station de "transition", c'est pouvoir mourir à la moindre défaillance technique, c'est ne pas connaître toutes les données, aller vers l'inconnue... Le programme s'annonce donc nettement plus complexe que celui que nous connaissons. Il suffit de voir l'ouverture du film pour constater qu'aller dans l'espace est déjà un exploit à cette époque. Il a fallu près de 8 années pour passer des essais les plus élémentaires (aller dans l'espace) à un premier pas de l'Homme sur notre satellite naturel. La guerre froide n'a fait qu'amplifier ce développement. L'Amérique voulait y aller, même si payer une partie du projet sur le salaire des américains a soulevé des questions auprès de la population.
Voilà ce que Chazelle nous propose pour son nouveau film : un morceau de l'Histoire tel que nous ne la connaissons pas vraiment. Comme a son habitude, le réalisateur de La La land surprend, tant par l'utilisation de l'image type année 60, que par l'ambiance et le réalisme de l'histoire, aussi folle que vraie. Il met en place des effets spéciaux directement sur le plateau de tournage (de grands panneaux projetant la Terre, une reconstitution des différentes navettes...) afin d'avoir un rendu le plus "direct" possible. Et c'est très réussi, car il n'y a pas de superflu, de trop d'effets spéciaux, de "je t'en met plein la vue". Il y a juste du nécessaire. Comme le relate Chazelle dans ses interviews, il a voulu appuyer le point de vue d'Amstrong, d'être le plus à sa place. Donc très peu de plan d'ensemble dans l'espace, simplement des plans qui seraient "possibles". Choix artistique très juste !
La musique, elle, est plutôt discrète, bien que très bien construite (l'arrivée sur la Lune est à vous couper le souffle). Elle n'enjolive pas la réalité, au contraire, elle l'exploite, la rend dangereuse, mais à affronter. En la réécoutant, j'ai eu grand plaisir à découvrir la richesse de la composition. La BO est à l'image du film, un chef d’œuvre.
Bref, sans besoin d'artifice comme de la 3D ou un surplus d'effets spéciaux sans goût, First Man est spectaculaire. On ressort de cette expérience cinématographique avec des yeux nouveaux. La Lune au dessus de la salle de cinéma n'a plus la même couleur ce soir. On y a été, l'homme a marché dessus. On repense à tous les efforts qu'il a fallu pour que nous atteignons...la Lune. Si proche et pourtant si loin. L'homme a cela de magnifique qu'il veut réaliser l'impossible. En 1969, c'était la Lune, aujourd'hui l'homme projette d'aller sur Mars. Impossible ? Vraiment ? Car parfois, il ne suffit que d'un pas !