Werner Herzog est un des cinéastes les plus atypiques de sa génération. Surnommé le "cinéaste de l'impossible", ces tournages sont pour la plupart périlleux et chaotiques, marqués par de nombreux incidents de tout ordre. Sa passion pour le cinéma le force à repousser les limites de son art, n'hésitant pas à mettre à danger son équipe de tournage pour une réalisation toujours plus spectaculaire et réaliste.

"Fitzcarraldo" est à l'image de son génie artistique. Il raconte l'histoire de Fitzgerarld, un homme excentrique transcendé par le culte qu'il voue à l'art lyrique. Guidé par cette passion qu'il veut à tout prix partager avec les autres, il s'engage dans la réalisation d'un rêve absolu : Construire un opéra en plein cœur de la forêt amazonienne.

Arrivé sur place, il cherche des financements pour son projet. Nous sommes ainsi entraînés, caméra à l'épaule, à la façon d'un documentaire dans sa longue démarche d'entrepreneur passionné. Après quelques pérégrinations en tout genre, le constat est sans appel : le seul moyen de voir aboutir son projet est de faire fortune seul. C'est ainsi qu'il se lance avec un gigantesque bateau, celui de l'affiche et va investir un terrain sur une rivière afin d'exploiter des arbres à caoutchouc.

Parcours réaliste et semé d'embûches d'un illuminé aveuglé par un idéalisme naïf. Ce personnage haut en couleurs débarque dans une région toute peuplée d'Indiens. L'oeuvre explore à la perfection la relation entre Fitzgerald et ses associés avec les Indiens : 2 peuples de cultures et d'intérêts divergents qui ne se comprennent pas mais qui réussissent à cohabiter dans le film. Les Indiens peut-être ému par le destin de cet homme hors du commun, cherchant inconsciemment à l'aider dans sa démarche pour empêcher l’effondrement de ses idéaux. L'entrepreneur voulant faire partager sa passion à quiconque. Une belle relation pleine d’ambiguïté fonctionnant sur des non-dits qui signifient finalement beaucoup.

Éloge d'une passion sincère et désintéressée pour finalement aboutir à une fin magistrale concluant ainsi magnifiquement cette histoire absurde d'un humanisme certain.

Une belle aventure injustement méconnu !
TheStalker

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8

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