On n'est pas là pour philosopher, Carpentier ! ...un diamant noir du cinéma Français

(encore un de mes textes fourre-tout et maladroit, plutôt un aide-mémoire perso ;-D )



Le diamant noir est une pierre précieuse naturelle, considéré comme une anomalie de la nature dans l’univers des diamants. Les Portugais l'avaient baptisé « Carbonados », ce qui signifie carbonisé ou brûlé. Depuis on a appris à mieux l’apprécier…(wiki)
...comme ce film le sera, j'espère.
(texte sans spoil)



Mon avis/ressenti résumé:
_j'aime surtout la partie sur l'écrivain frustré et ses renoncements à cause de la vie active&familiale
_le sujet de fond est très rare au cinéma: celui où enfin, les vrais pervers au sein de notre société sont débusqués et montrés dans un film prenant et intrigant (surtout quand on ne connait pas l'histoire du tout ...et le buzz autour de la sortie du film)

_casting créatif impeccable dont Lauréna Thellier



Lauréna Thellier Lauréna Thellier Lauréna Thellier Lauréna Thellier Lauréna Thellier Lauréna Thellier Lauréna Thellier Lauréna Thellier Lauréna Thellier
voilà! de mon texte sans doute nul, c'est la seule chose à retenir: le nom de cette bonne actrice qui m'a bien eu car je ne savais pas qu'elle jouait.
Je croyais que comme Pascal Duquenne dans Le Huitième Jour , la soeur handicapée était jouée par une personne elle-même atteinte. Un tour de force bluffant...Vive Lauréna Thellier!


_Fleuve Noir et son équipe sont bien meilleurs que de nombreuses séries, films, réalisateurs et acteurs Américains avec leurs flics pas toujours crédibles qui pourtant sont vénérés et monopolisent eux les écrans du monde.


Résumé du film: Le fils ado d'une famille disparaît. François Visconti (Vincent Cassel) est mis sur l’affaire (déprimé, séparé, alcoolique). Il se focalise vite sur Yan Bellaile (Romain Duris), professeur particulier qui a vite proposé ses services car il se passionne aussi pour l’enquête. Ecrivain du soir, il a peu de temps libre et calme entre ses cours de Français, son bébé et sa femme (Elodie Bouchez.)
Le propre fils du policier Visconti, Denis (Félix Back...le pauvre a du apprendre à prendre des baffes) est un ado mêlé à un trafic de drogues. Un ami de la famille, commandant des Stups (excellent Stéphan Wojtowicz) lui évite la prison.
Le père du disparu (Jérôme Pouly) est marin au long cours au moment des faits; sa femme (Sandrine Kiberlain) reste dans leur appartement à s'occuper seule en permanence de leur fille handicapée (Lauréna Thellier).


SC m'apprend que l'histoire est adaptée d'un livre aimé, "Une disparition inquiétante" d'un Dror Mishani qui a aussi écrit "La Violence en embuscade"; un autre bon titre qui irait bien au film.
"Poussière d'ange" étant déjà pris.
En 1987, dans Poussière d'ange d'Édouard Niermans (et Bruno Herbulot,Jacques Audiard, Alain Le Henry), Bernard Giraudeau joue déjà un inspecteur qui déprime aussi depuis que sa femme l'a quitté; il s'habille aussi presque comme un clochard et écume les bars.
Depuis 1995, il n'y a plus ni inspecteurs ni officiers de paix, Vincent Cassel est donc désormais Commandant mais souffre tout autant.


Beaucoup d'autres sujets traversent également et habilement le film qui en reste distrayant et captivant: les relations père/ fils, divorce, déprime, combat de chef dans la police, instinct et intellect, l'écriture, le mariage cul-de-sac des ambitions artistiques...le handicap à la maison, le drame et parfois la solitude des aidants,


et le désir sexuel légitime des handicapés.


J'aime qu'il y a de vrais personnages antipathiques avec de gros défauts comme dans la vie et comme Matt Dillon en flic raciste dans Collision.

J'aime la scène où en fin de journée, juste avant de partir, une flic (Hafsia Herzi ) se rappelle enfin de donner des infos à son Commandant (hélas assez saoul à cette heure de la journée),il réplique :



"oh !!?? depuis quand tu as cette info...faut pas les garder sous sa jupe... écarte les cuisses et fait partager...burp"...burp, façon Rick avec Morty



Elle sait qu'elle a commis une erreur en omettant de lui donner les infos très vite et plus tôt
mais il formule ses reproches et réprimandes avec une telle blague salace qu'il lui donne un moyen de se défendre et d'effacer sa faute et incompétence professionnelles. Vexée d'avoir été très incompétente et prise, elle utilise la forme fautive de son boss pour rebondir et se défendre en attaquant: "faut arrêter la bibine".


J'aime la scène où le flic clochard intime au flic costard de la fermer...car le costard diplômé avec moins d'expérience, manque d' interrompre le témoin qu'ils interrogent alors qu'il n'avait en effet pas fini de parler et était en train de confier et lâcher d'autres infos importantes. Le flic costard et propret est joué par Charles Berling.
J'aime d'ailleurs comment le flic clochard et le flic costard se complètent, comme une vraie équipe; l'instinctif et l'ordonné...



on devine le meilleur flic que devait être Visconti avant l'empoisonnement par la déprime et l'alcool




et j'aime beaucoup qu'ils auront eu tous les deux raison au final (un beau scénario).


J'aime le personnage de Duris en démiurge face à Cassel et ses murges.
...enfin, pseudo démiurge qui s'excite tant quand il voit les marionnettes humaines qu'il fait venir sous ses fenêtres et dans la forêt mystérieuse.
Il est frustré; il semble bon professeur de Français mais fait le même cours depuis des années devant des ados alors qu'il avait des velléités d'être artiste comme Matthew Broderick dans Election...mais entre son travail, sa femme et son bébé, il a peu de temps pour créer.
Terrible scène et suspense avec un dessert et un bébé: lequel va passer à la fenêtre?...
J'aime qu'il cite et me fasse découvrir une "Lettre de KAFKA à son père...on voit d'ailleurs une photo de Kafka dans son bureau...détails importants car des lettres au père du disparu joueront un rôle important dans l'histoire.


BRAVO LA POLICE! Visconti fait penser à un Père-Noël en imperméable crasseux.
J'aime l'honnêteté dans la représentation crue et réaliste de ce Columbo alcoolique. Un mélange de Peter Falk et d'Harvey Keytel dans Bad Lieutenant...et d'un des machos papa Rustres chez Goldoni ...voire très raciste comme Matt Dillon flic aussi dans Crash:



"Oh le négro" (à un jeune dealer)
"C'est quoi cette petite mine, on a fait du cheval toute la nuit?" (à sa collègue)
"C'est quoi cette coupe de tafiolle" (à son fils)
"On n'est pas là pour philosopher, Carpentier !" (seulement dans ma tête ^^)



Ce duo du flic et du pseudo flic rappelle les aussi belle interprétations de Jean-Pierre Marielle et Bisson dans "Les Mois d'avril sont meurtriers" de Laurent Heynemann/Robin Cook (aux éditions Fleuve Noir?)


Le montage (aidé d'un Philippe Kotlarski ) a des moments cocasses qui restent très réalistes: _lorsqu'on commence à découvrir la vraie nature d'un des pervers du film, la scène est suivie de suite de l'interview d'une voisine qui le décrit comme



"charmant, discret,travailleur et propre"
_j'aime aussi quelques moments rapides et montés abrupt: comme par exemple, juste après la question
"Comment avez vous pu laisser ******* faire une chose pareille?"
Kotlarski et Zonca coupent ensuite de suite sur le cellule de prison...pas le bla bla habituel où dans toutes les séries et films, on voit les enquêteurs à l'écran se féliciter, se taper sur les épaules, le méchant embarqué en voiture de police avec un dernier regard entre eux...non, paf, on coupe et passe et laisse hors-champ tout le baratin visuel banal classique.



Romain Duris qui se rêve créateur est un cuistre déçu de s'être enfermé dans une vie familiale mais il reste obsédé et passionné par son envie:
"Je ne renonce pas à l'écriture"
"L'écriture est ma prison"


" Ce sont mes lettres , mes mots qui vous ont mis sur la piste...sans eux vous seriez dans les bois à chasser le pédé, au bord de l'apoplexie " (j'aime cette scène, Duris est dément, imite Cassel...le rapproche de M le Maudit...mais tout en faisant croire en son personnage)


"Vous méconnaissez le pouvoir de la littérature comme investigation du monde"


Eric Zonca, réalisateur assez autodidacte si j'ai bien compris, provincial né de parents d'origine Italienne disait à Libération en 2008:



_Oui, je me sens en décalage avec tous ces cinéastes de ma génération passés, eux, par des écoles.(--se voit-il plus comme Cassel dans le film et ses collègues cinéastes seraient Berling ou Duris???...je ne sais pas, faudrait que je revois le film--)
_Je ne comprenais rien à rien, moi qui rêvais d'étudier. C'est grâce à ma copine d'alors, une étudiante, que je suis resté en contact avec la culture (--encore une femme derrière un succès--)
_"Mon père, il était maçon, il m'aurait bien vu architecte".



Sa situation dans le cinéma Français, me rappelle une citation de Michel Serrault/Audiard dans Garde à Vue:



Les médiocres se résignent à la réussite des êtres d'exception. Ils applaudissent les surdoués et les champions. Mais la réussite de l'un des leurs, ça les exaspère... Elle les frappe comme une injustice.



Vincent Cassel dans le même plan qu'Auguste Rodin ...et François Hollande:
J'aime aussi des détails visuels notamment lorsque l'inspecteur a une sorte de double avec lui dans le plan…
_quand il écoute le professeur à son bureau, il s'approche de lui, s'assoie à côté de lui, et porte sa main à sa tête pour l'écouter façon Penseur de Rodin dont il a justement une mini statue sur le bureau (une fois de plus il montre plus de capacité d'écoute et concentration que des collègues moins malades physiquement et socialement)
_au moment d'une confrontation, ce "flic crado" reste debout a les mains le long du corps, assez débraillé…. derrière lui, il partage l'écran avec un énorme portrait de François HOLLANDE, un autre débraillé ;-D figurant involontaire...


ps: je découvre que des associations de défense des handicapés aiment beaucoup ce film
et que Michel Ciment l'a défendu mais assez seul

PierreAmo

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