Léa Seydoux est l'erreur collatérale

Sortie en 2021, France est la 11ème réalisation de Bruno Dumont qui ne laisse pas indifférent la critique cinéma. Les Cahiers du cinéma évoquent une « vibration inédite », un élan nouveau pour une industrie en crise. France Culture parle d’un film mature qui traite habilement de la confrontation entre la célébrité et le peuple. Tandis que Le Masque et la Plume qualifie le film d’atroce, d’une « grande laideur » doté par-dessus tout d’un fond abscons.

France raconte l’histoire d’une journaliste (Léa Seydoux) aliénant l’esprit de son public en faussant ses reportages télévisés. Narcissique et parce qu’elle-même piégée au sein d’un système trompeur, pernicieux et nuisible, elle se met en scène non plus pour partager de l’information mais pour provoquer de vives émotions chez les téléspectateurs.

Présentée comme déconnectée du peuple et donc malade (yeux rouges, cernes au visage, regard sombre), elle fait aussi preuve de distance et d’étanchéité vis à vis de son mari écrivain. Le cinéaste décide alors de punir la journaliste dans la suite des évènements. Il l’a torture psychologiquement, à répétition. Cela en déviant épuisant pour nous spectateur.

Sur la forme, B. Dumont donne peu d’importance à la technique et au réalisme des effets. Par exemple tous les plans en voiture sont de volontaires incrustations d’acteurs ; ni la carrosserie, ni la vitre arrière n’apparaissent à l’écran. Un prétexte à jolie effet qui a aussi pour utilité de polariser l’attention sur l’acteur. C’est bien la clé de voûte du film de Bruno Dumont. L’acteur. En l’occurrence Léa Seydoux. C’est aussi l’erreur collatérale du film puisque l’interprète ne parvient pas du tout à imiter un journaliste, ni dans la posture, ni dans la voix et la rythmique.

Vacillant maladroitement entre non-jeu et sur-jeu, Léa Seydoux ressemble uniquement à Léa Seydoux c’est bien là le problème. Par ailleurs et quand bien même on appréciera le naturel de Blanche Gardin, cette dernière incarne seulement la comparse pitre de service. A contrario Benjamin Biolay (le mari) et surtout les acteurs « amateurs » parviennent étonnamment à entrer en parfaite communion avec l’auteur. Comme si le réalisateur avait une meilleure affinité et une aisance particulière avec les amateurs plutôt qu’avec les célébrités…

De par son côté satirique, France entre en résonnance avec la production Hollywoodienne des plateformes Don’t Look Up sortie la même année. Le métrage semble aussi faire complémentarité avec la comédie dramatique Rien à foutre pour sa dimension nihiliste. En somme, des films qui méritent d’être vus (ou pas).