Cycle Horreur - Episode 1.3 - Frankenstein, le vrai ?

Monstre de la pop culture par excellence, mon cycle Horreur en est déjà à deux versions, à l'heure où j'écris ces lignes. Ce monstre, on l'a retrouvé partout depuis. Mais avec pour référence la gueule à Karloff, qui est devenu, depuis ce film, pour la postérité le monstre de Frankenstein.


On est ici - mais c'est souvent le cas, dans les films d'horreur ou d'épouvante, je commence à le comprendre - dans une mise en accusation de l'homme lui-même. La créature de Frankenstein n'est au final qu'un enfant qu'on traite comme quelque chose entre l'esclave et l'animal sauvage, parce que le bon docteur Frankenstein s'est mis en tête qu'il pouvait être Dieu, mais sans se poser les questions des conséquences de sa création. Or, tout chef de projet vous le dira : c'est bien beau, de construire, de créer, mais il faut également penser à la maintenance, à l'amélioration continue.


Et de cela, Frankenstein, n'en a cure. C'est d'ailleurs ce qui est incroyable dans ce film. On laisse le docteur convoler en injustes noces pendant qu'un de ses anciens professeurs prend le relais pour gérer le monstre sous tutelle. Mais ce dernier finira par s'enfuir, et, plus que montrer son tempérament criminel, il démontrera surtout son inconnaissance de la vie, du monde, des relations, du langage. Il n'aspire qu'à la liberté, à la paix. Mais il ne sait pas y faire, on ne lui a pas appris, et en plus, il fait peur. Et surtout, il a tué un enfant.


Mais en réalité, la créature est une victime et son créateur est un inconséquent. Il se voit démiurge, mais il n'est qu'un savant fou.


Pour ce qui est d'effrayer la galerie, le film, même s'il n'a pas dû rater sa cible à l'époque, est un peu léger. Mais je suis sans doute victime de la surenchère progressive dans le temps pour ce type de film.

Reconnaissons cependant que la première partie dans le cimetière, sans être horrifique, est assez réussie sur son côté mortifère et que la naissance de la créature reste un moment où la tension monte.


Je reste perplexe quand même sur un sujet : le cerveau greffé à la créature est celui d'un criminel. On veut sans doute nous emmener à penser qu'un cerveau plus sage eût donné une créature plus gérable. Je veux croire que ce n'est pas l'individu qui est en cause, mais la société. Sur ce point, le film ne me semble pas partager cette thèse.

John-Peltier
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le 21 févr. 2023

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