---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au neuvième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Franky_goes_to_Hollywood/2022160
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --


Mon loup,


Déçue. Je suis déçue. Terriblement déçue. Tout s’annonçait pourtant si bien : Mes retrouvailles tant attendues avec ma bien-aimée Hammer, accompagnée pour l’occasion de son incroyable trio de tête : Terrence Fisher, Peter Cushing, Christopher Lee. Mais comment un tel drame a-t-il pu arriver ? Car voila, c’est bel et bien arrivé : la première création Hammer adaptée de l’œuvre de Mary Shelley est ratée. 
Ou du moins ce qu’il reste de l’œuvre de Mary Shelley. Car voila la faute dont je soupçonne M. Fisher : M’est avis qu’il ne fait pas du tout confiance à son matériau de base. Et en soi je le comprend : le roman d’origine n’est pas particulièrement effrayant : émouvant, transcendant, tout ce que tu veux, ce n’est pas moi qui vais le contredire, mais franchement pour l’angoisse, on a vu mieux. Et Terrence Fisher plus encore. Alors il l’aura ré-aménagé à sa sauce, avec plus ou moins de succès. Du moins c’est la seule explication que je peux donner à cette mutilation, lui qui était pourtant si à cheval sur la bonne restitution des légendes qu’il imprimait sur pellicule. Tu connais mon avis sur ses adaptations des légendes des vampires comme des loup-garous : toutes des réussites (ou presque) ces films se montrent très soucieux de respecter légendes urbaines et romans éponymes, tout en s’appliquant à ne pas trop entacher les créations Universal Monsters, premières et uniques références cinématographiques à l’age de la Hammer.
De cette maltraitance du scénario original résulte certes une créature bien plus effrayante que toutes celles qui auront été modélisées par ses prédécesseurs -Christopher Lee est méconnaissable dans le rôle qui lui sied pourtant si bien- mais loin, bien loin de toute la psychologie que lui aura développée sa première mère spirituelle, habilement imitée dès les premières créations Universal.
Et mon docteur fou quotidien n’est pas mieux servi. Amputé de son profond amour pour sa femme de tous ses doutes et de tous ses remords, Peter Cushing interprète un Victor Frankenstein certes légèrement pus effrayant que l’original, mais perdant toute sa complexité, et donc, tout son intérêt. D’ailleurs, celui qui nous a pourtant prouvé ailleurs qu’il était un brillant acteur nous livre une interprétation fade, alternant entre scènes atrocement sur-jouées et poker-face digne d’un Ryan Gosling dans Drive.
Alors réalisation bâclée ou réelle erreur d’interprétation ? Je penche pour la deuxième option. Il me semble, surtout que Fisher commence à y être habitué, que garder un scénario plus proche de celui du roman aurait pourtant facilité la tâche à l’équipe de ce soir. Mais celle ci aura voulu cauchemardiser un peu plus le tout. Pari manqué donc, car en ajoutant de l’horreur ils retirent de l’intérêt au centuple. Et j’aurais pourtant préféré avoir un peu moins peur pour des personnages auxquels je me serais attachée plutôt que de voir le destin effectivement atroce de personnages pour lesquels je n’éprouve absolument aucune compassion. Qu’ils crèvent tous donc, pour résumer, ça m’est bien égal.
Bon, mais le tableau n’est tout de même pas tout noir. J’ai aimé la fin. Beaucoup. Cette façon subtile de tout remettre en question et de nous questionner : est-ce que tout cela est bien réel, ou bien est-ce que la réalité elle-même serait encore plus monstrueuse que cette monstrueuse créature dont on vient de nous conter l'existence ? Dans ces dix dernières minutes réside tout l’intérêt du film, toute la complexité de l’essence de l’œuvre de base finalement : qui est le monstre dans toute cette histoire ? On est loin du scénario du roman donc, mais la morale sombre reste la même, tranchante comme un coup de guillotine.
Amoureusement,
H.
Zalya
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le 13 nov. 2018

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Zalya

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