Un film de "monstres" sans monstres
C'est presque un affront que de classer cette oeuvre dans la catégorie horreur. Il s'agit là d'un drame fait d'amour, de jalousie et de trahison. Le simple classement "horreur" renvoie aux aspects de certains protagonistes du film et ce ne sont pas les scènes vengeresses finales qui changent la donne. C'est donc insultant. D'autant que la mise en scène merveilleuse de Browning ne montre en rien ces "monstres" comme des monstres. Bien au contraire puisque ce sont les "normaux" qui flirtent avec Machiavel.
Peut-être le film manque-t-il de profondeur, les thèmes abordés étant traités frontalement, sans recul, ne comptant finalement que sur l'aspect physique. Il aurait gagné à durer une petite demi-heure supplémentaire durant laquelle un peu de psychologie aurait apporté ce petit plus qui manque terriblement. Néanmoins ce qui nous est offert là ne manque pas d'attrait. On ne peut qu'être fasciné par ces êtres étranges qui embrasent la pellicule à chaque apparition (et qui sont dotés au passage d'un sacré talent pour la comédie). De même certaines scènes permettent au film de s'envoler : le repas de mariage ou encore les affrontements finaux, deux moments carrément cruels pendant lesquels la mise en scène explose. Une sorte d'exploit que Browning qui manquait violemment dans son mollasson mais culte Dracula.
Freaks mérite sa réputation. Il lui manque ce petit plus qui en aurait fait un très grand film. Son pouvoir de fascination reste sa plus grande force et il n'est pas étonnant que Lynch dans son Elephant Man ou encore Jodorowsky dans une bonne partie de sa filmo lui fassent référence avec courbettes.