J'ai une relation assez ambivalente avec le rape and revenge, autant j'en déteste certains qui ne sont que là pour sexualiser ou humilier la femme autant j'en adore d'autres qui sont vraiment intéressants et ont réellement quelque chose à dire avec ce sous-genre de l'horreur (Revenge, The Nightingale, La Traque etc...).
Dès le début Freeze Me fait les choses différemment, on entend les cris, la neige tombe, on comprend ce qu'il se passe (même si le film choisit de revenir sur cette décision de mise en scène, j'y reviendrai) sans tomber dans le voyeurisme inutile.
J'aime aussi beaucoup la façon dont est traitée la victime : après cette introduction qui raconte le viol qu'elle a subit, il y aura une ellipse de 5 ans, 5 années vont passées et on peut se rendre compte que Chihiro (notre héroïne principale) a réussi à s'en remettre, est en couple, à un travail et à même l'air plutôt heureuse dans sa situation. On sent que Chihiro a réussi à s'en remettre. Le traumatisme est là mais Chihiro a dû vivre avec pour essayer de se reconstruire.
Pareil pour la quête vengeresse où on est bien loin des standards du genre : Chihiro n'est pas dans cette quête du tout, elle veut juste un semblant de vie normale. Même quand les agresseurs refont surface, son but premier ne va pas être de se venger dans un geste libérateur de son traumatisme bien au contraire, elle est même possiblement encore sous l'emprise de ses bourreaux. On est donc très loin de la fille qui se fait violée et qui fait de sa vengeance une raison de vivre comme si la vengeance allait soulager Chihiro d'une quelconque manière. D'ailleurs dans Freeze Me la vengeance n'est jamais quelque chose de libérateur, bien au contraire.
Ici on est quand même dans quelque chose de plus "réaliste" dans sa représentation (toute proportion gardée).
Après ce qu'on peut reprocher au film c'est clairement l'aspect narratif qui est assez répétitif dans son déroulé et ce qui n'aide clairement pas le rythme du film (même si ce serait mentir de dire que je me suis ennuyé devant).
L'autre gros reproche c'est qu'on peut sentir un peu de complaisance de la caméra vis-à-vis du corps de Chihiro. On sent que c'est un homme derrière la caméra, ça n'en devient pas profondément gênant, Dieu merci elle ne le devient pas complaisante sur les scènes de violence mais bon, elle se balade quand même souvent nue Chihiro, sans vraiment de raison. La caméra devient très complaisante pendant une scène de sexe consentie (mais bon là ça peut faire sens donc je le pardonne à la limite).
Au début de ma critique, je parlais de la représentation du viol qui est vraiment bien mis en scène au début du film où on ne voit rien et on ne fait qu'entendre, le film nous laisse faire notre imagination (ce qui est parfois pire). Malheureusement, le film revient sur cette décision pour montrer le viol au milieu du film arrivant comme un cheveu sur la soupe. On tombe dans un écueil que j'apprécie beaucoup moins et je trouve même qu'on va vers quelque chose de bien plus balisé et codé en terme de rape and revenge à partir de ce moment-là. Le voyeurisme refait surface et c'est bien dommage, je dirais même qu'à partir de ce moment précis Freeze Me devient de plus en plus un rape and revenge "classique" même si il vaut quand même le coup pour sa superbe première moitié de film.