Frère des ours
6.6
Frère des ours

Long-métrage d'animation de Aaron Blaise et Bob Walker (2003)

Selon moi, on a descendu Frère des Ours à sa sortie bien trop rapidement et facilement. Encore qu'il ne possède pas une si mauvaise réputation si on regarde de près. Même les critiques à l'époque ne l'ont pas assassiné comme elles ont assassiné Atlantide, l'Empire Perdu. C'est juste que cet avant-dernier Classique Disney en animation 2D possède une trame vue et revue qui ne va jamais au-delà de son pitch de base et par conséquent, cela est forcément un point négatif du point de vue de la presse.
Erreur.
Si Frère des Ours n'a effectivement pas (ou peu) d'élément particulier à offrir par rapport à ses prédécesseurs, cela ne lui empêche pas d'avoir très souvent d'excellentes idées ou de très belles scènes.


La drôle de réputation qu'a Frère des Ours est encore plus surprenante car le film devrait être retenu rien que pour la période qu'il décrit.
C'est la première fois qu'un Classique Disney se situe lors de la Préhistoire. Mais c'est aussi là que le film peut en quelque sorte déplaire. On pourrait remplacer l'époque de la Préhistoire par un décor indien en plein XIXème siècle que cela reviendrait quasiment à la même chose. Le film ne se centre pas sur son décor mais bien sur la petite histoire entre tous ces personnages on ne peut plus banals.
Ce qui n'est pas un mal en soi car cette petite histoire est justement assez bien racontée.


Les réalisateurs du film tiennent à différencier le point de vue de l'humain et de l'ours jusque dans sa mise en scène où on passe du format 1:85 au Cinémascope 2:35 afin que la transformation du personnage principal soit encore plus déstabilisante. L'effet est très réussi.
La patte artistique du film est d'ailleurs assez soignée. Les décors sont forts beaux à regarder et dégagent une vraie fraîcheur par leurs couleurs très vives. Le recours aux images de synthèses est heureusement très limité.


Concernant les personnages, je trouve que la relation entre les héros est traitée comme il faut. Que cela soit entre Kenaï et Koda dont la révélation finale (bien qu'attendue) est en fait véritablement touchante et dramatique ou entre Kenaï et Denahi. Ce dernier subit même une évolution très bien pensée qui ramène beaucoup d'intérêt dans l'intrigue. Même si évidemment, tout n'est pas toujours fait dans la plus grande finesse (Mon Dieu! Denahi a changé! Regardez les enfants, il a une moustache!), cela livre de très beaux passages à la fois posés et bien écrits.


On remarquera également que Frère des Ours semble un peu trop se rapprocher des Classiques du Troisième Âge d'Or (rien d'étonnant vu que la pré-production du film a commencé dès le succès du Roi Lion) en reprenant parfois certaines scènes un peu trop similaires (la transformation de Kenaï rappelle quelque peu celle de La Bête), certains points scénaristiques (le rapprochement très fort avec la Nature comme dans Pocahontas) ou certains personnages (Nanaka ressemble à une Grand-Mère Feuillage humanisée, chose qui n'est pas aidée par le doublage français assuré par la même comédienne Annie Cordy).
On peut supposer que ces ressemblances ont gêné une grande partie du public confirmant selon leur vision la panne d'inspiration du studio aux grandes oreilles. Pourtant ces similitudes ne sont à mes yeux pas du tout dérangeantes et restent mineures.


Une autre "reprise" des Classiques des 90's vient du duo Mark Mancina / Phil Collins pour la bande-originale comme 5 ans plus tôt pour Tarzan.
Il n'y a absolument aucun problème à voir le compositeur et le chanteur à nouveau réunis en réutilisant la même méthode de travail car les compositions sont de très bonne facture. Que cela vienne des mélodies de Mancina parfaitement dans le ton du film ou les chansons entêtantes et réussies de Phil Collins. "Les Grands Esprits" est sans aucun doute la meilleure chanson du long-métrage.


En fait, le seul véritable défaut bien gênant que je peux noter dans Frère des Ours est son humour.
Celui-ci est plus qu'inégal et on a connu les scénaristes de la boîte bien plus inspirés.
Si les gags faits autours des héros sont plutôt réussis, ceux déclenchés par les comiques de service sont peu drôles. Truc et Muche ont beau finalement servir à l'histoire, ils prennent bien trop de temps à l'écran pour ce qu'ils ont à apporter à l'intrigue. Et je ne parlerai pas des Béliers totalement transparents et n'apparaissant qu'une minute dans le film (bêtisier du générique de fin compris) qui ont pourtant droit à leur place sur la jaquette du film (D'accord pour Kad et Olivier pour Truc et Muche mais sérieusement, pourquoi Omar et Fred pour ces Béliers? Et pourquoi David Douillet pour Goliath?!


Finalement, c'est par le marché de la vidéo que Frère des Ours va d'avantage se faire connaître et avoir sa petite fanbase. Ce qui me fait relativement plaisir.
Certes, il reste un Disney assez mineur mais il a définitivement ses bons points et mérite le coup d'oeil. Il n'a pas l'ambition de vouloir être une grande quête initiatique, juste un petit film avec un bon message et de belles séquences. Selon moi, c'est suffisant pour qu'on passe un bon moment.

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le 20 févr. 2016

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Walter-Mouse

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