La vieillesse d’Anthony Hopkins semble à l’origine d’un petit univers cinématographique : après The Father (Florian Zeller, 2020) et One Life (James Hawes, 2023), le voici déguisé en psychanalyste yoyotant contraint, par la force des choses, d’affronter ses propres traumatismes par le truchement d’un tiers, universitaire britannique. Dès les premiers plans, notre Sigmund Freud so british apparaît parmi les livres, les gravures, les squelettes habillant les murs, remplissant les bibliothèques, recouvrant les bureaux de sa nouvelle maison, transposition de sa demeure viennoise à laquelle répondent quelques phrases très courtes prononcées en allemand, ainsi que les silences respectueux gardés lors d’une cérémonie autrichienne… La joute verbale, sentencieuse et ronflante, manque cruellement de naturel, desservie par une mise en scène figée au montage maladroit – nous regretterons des recadrages grossiers et l’application de mouvements à la mode, comme le travelling sur le quai de la gare. Ce musée Grévin artificiellement dynamisé par des analepses – les sempiternels flashbacks ! – ne vaut, en somme, que pour la malice d’Anthony Hopkins qui parvient à distiller, çà et là, au détour d’une conversation avec un prêtre, une humanité teintée d’une remise en question de ses certitudes, gage de sa jeunesse éternelle.